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Marc, marié depuis de nombreuses années, élève avec sa femme leur fille de onze ans. Ils habitent une belle demeure dans le sud de la France. Marc travaille dans l’immobilier. Un jour, durant la visite d’une maison, la cliente lui rappelle Cathy, son amie d’enfance lorsqu'il vivait à Oran, juste avant l’indépendance de l’Algérie, et dont il était très amoureux à l’époque…
La réalisatrice Nicole Garcia est d’autant plus rare qu’elle mérite toute notre attention quand elle sort un long-métrage. Réglée comme une horloge, elle met en scène un film tous les quatre ans. Son précédent « Selon Charlie » - au casting quatre étoiles - était sorti en 2006, « L’Adversaire » avec Daniel Auteuil en 2002, « Place Vendôme » en 1998, « Le Fils préféré » en 1994 et son premier long-métrage « Un week-end sur deux » en 1990.
Nicole Garcia aime les films de famille, sur les liens entre les hommes et les femmes qui sont mis à mal par leurs sentiments et dont les destins vont basculer… Elle a cette constante qu’elle ne renie pas pour sa sixième réalisation : « Un balcon sur la mer » joue, en effet, sur les faux-semblants, la vie de couple qui s’effrite, les relations professionnelles conflictuelles, les choix amoureux et familiaux.
Elle ajoute au décor de son film, co-écrit avec Jacques Fieschi, sa propre histoire; celle de son enfance en l’Algérie, alors en proie à la révolte et à la recherche de l’indépendance, qui sera proclamée en 1962. Utilisant les flash-back, elle met en image ses propres souvenirs, douloureux, sur les destins d’un pays (l’Algérie), d’un peuple (les Algériens) et d’une communauté (les pieds-noirs). Cela procure de beaux moments de cinéma, à Oran, avec cette jeunesse symbole de l’innocence, perdue et inconsciente du danger quand elle se retrouve au cœur des affrontements…
La première partie du film alterne donc entre ces deux époques. Les souvenirs de Marc (Jean Dujardin) sur l’Algérie se font de plus en plus présents, dès qu’il rencontre Cathy (Marie-Josée Croze), son amie d’enfance d’Oran qui le ramène directement à cette jeunesse, dont lui-même dit ne pas avoir droit d’en parler… On regrettera que la réalisation tire un peu en longueurs et que l’intrigue soit un peu trop lente à se mettre en place. D’autant que le film trouve un second souffle quand le mystère autour du personnage de Cathy s’installe. Nos connaissances sur cette dernière sont bousculées et on apprécie les rebondissements sur les identités et les desseins réels de certains personnages.
Dommage, toutefois, que l’intrigue s’épaississe un peu trop sur la fin. On reste un certain temps dans le flou avec cette sombre histoire d’argent débouchant sur des incohérences flagrantes. On sera donc surtout touché par le côté intimiste du film, une ambiance qui transpire dans l’interprétation juste et délicate de Jean Dujardin, plus habitué aux rôles comiques (« Brice de Nice », « 99 F », « OSS 117 ») qu’aux rôles dramatiques (« Le Convoyeur »).
A ses côtés, on pourra regretter la manifeste transparence de Sandrine Kiberlain, dont le personnage aurait mérité plus d’épaisseur, et apprécier le choix de Toni Servillo (« Il Divo », « Gomorra ») qui apporte tout son charisme à un rôle taillé sur-mesure. Au final, un petit film d’ambiance avec ses sommets (Jean Dujardin, les traumatismes de l’Algérie) et ses creux (des longueurs et des invraisemblances). On reste tout de même loin de son magnifique « Le Fils préféré », la référence de sa filmographie.
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