© Les Films du Losange
Paris, 1999. Camille a 15 ans, et aime profondément Sullivan, 19 ans. Pourtant, un jour, il va la quitter…
Sujet banal, finalement, que celui du passage à l’âge adulte. Heureusement, certains cinéastes parviennent à trouver un angle d’approche qui, à défaut d’être inédit, rend justice à la complexité des émotions contradictoires qui jalonnent le parcours menant de l’adolescence à la maturité. Mia Hansen-Løve est de ceux-là. Son troisième film, "Un amour de jeunesse" semble être le plus personnel. En grande partie autobiographique (les lieux du film sont ceux de son enfance), il revient sur cette époque parfois douloureuse, quand le corps et l’esprit changent, de concert, quand l’innocence laisse place à une forme d’amertume, puis de force.
Parce que son histoire est simple, et touchante, Mia Hansen-Løve préfère se reposer sur ses acteurs. Et en particulier sur la magnifique Lola Créton. D’une justesse rare dans son interprétation, lumineuse à l’écran et gracieuse lorsque la nudité entre en jeu, elle incarne à la perfection ce mélange de détermination, de fragilité et d’inconscience qui font la fin de la jeunesse. Autour d’elle, les personnages secondaires font vivre cette histoire simple, à la fois universelle (tout le monde a connu un amour de jeunesse) et spécifique (c’est UN amour qui nous est conté).
Magnifiant ses décors comme ses personnages, bercé d’une bande-sonore en adéquation, "Un amour de jeunesse" donne à voir les questionnements, le mal-être et la force de son héroïne, dans un mouvement narratif qui entrechoque les extrêmes (la nature et l’architecture, la jeunesse et la maturité) et ose un romantisme que l’on croyait suranné (voir la place accordée à la correspondance épistolaire). Pas un grand film, non, mais l’instantané d’une vie, qui parvient à émouvoir et faire réfléchir sans sortir l’artillerie lourde. Une histoire belle, une histoire simple. Finalement, on est bien peu de chose…
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