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Avec ses deux collègues, Dimitri, 25 ans, vend des maisons clé-sur-porte. Contemplatif et largué dans un environnement dénaturé, il s'ennuie. Les rumeurs qu'il laisse courir sur son étrange passé vont intriguer Jeanne et pousser Cathy à le rencontrer...
Les Belges sont les meilleurs du monde en moto-cross et en cyclo-cross. Deux sports qui se déroulent dans la boue. Alors, oui, pour le chanteur belge Arno la boue convient très bien aux Belges. Et en voyant Ultranova, tout le monde sera d’accord avec lui. Vu d’ici, la Belgique est un pays de pluie, de ciel noir et bas, de friches industrielles, de déprime. C’est en tout cas la vision que nous donne le cinéma. Pour preuve, voyez C’est arrivé près de chez vous, Les Convoyeurs attendent ou le récent Altraa. Autre point commun de tous ces films, un humour que l’on serait tenté de qualifier de belge. Un humour noir, grinçant, parfois glauque, qui joue avec la misère des gens.
Ultranova n’échappe pas à la règle. Les premières images montrent une voiture, renversée sur le toit, dont peine à s’extraire le jeune héros du film, Dimitri. La musique est angoissante, le grain de l’image grossier. On craint alors le syndrome Altraa : une atmosphère faussement glauque qui cache un vide artistique abyssal. Fort heureusement, Ultranova a de la consistance et de quoi tenir 1h20. L’histoire est pourtant simple : Dimitri fait partie d’une fine équipe de vendeurs de maisons clé-sur-porte. Chez lui, sa voisine comprend pourquoi le jeune homme paraît si étrange : elle véhicule sa version de l’histoire, notamment à sa meilleure amie qui bientôt rencontrera Dimitri. Au fond, tout le monde s’emmerde.
L’intérêt d’Ultranova réside justement dans la simplicité de ce scénario. Car, à partir d’une réalisation qui souffle l’oppression et l’angoisse, Bouli Lanners, le réalisateur, réussit à surprendre le spectateur et à divertir en empruntant uniquement au quotidien et à la banalité. Mais, forcément, un tel choix est difficile à assumer et forcément, les longueurs apparaissent parfois. Reste à se raccrocher aux acteurs tous surprenants. De par leur gueule, leur charisme et leur présence. Dire qu’ils sont époustouflants serait exagéré –ils se contentent d’être un quelqu’un parmi tant d’autres- mais leurs visages imprègnent en tout cas la mémoire du spectateur.
Bouli Lanners parvient à nous emmener dans sa campagne belge et à nous faire sourire à quelques situations jamais volontairement comiques mais toujours en décalage par rapport à notre quotidien. L’omniprésence d’une musique angoissante (et réussie) combinée à certains plans fixes astucieux créent donc cette atmosphère sans surcharger le film. C’est ce qui manquait à Altraa. Et c’est ce qui permet à Ultranova d’être un film agréable. Pourtant, fait étrange, au moment de sortir de la salle, une désagréable impression survient. On sait que le film n’imprimera que quelques heures la mémoire du spectateur. Alors certains diront que l’éphémère est le propre de la beauté. D’autres –que je rejoins- préféreront se souvenir d’Ultranova. Pour se dire que, décidément, ces diables de Belges nous surprendront toujours. J’aurai voulu me souvenir d’Ultranova mais il manque sûrement un peu de rythme à l’ensemble pour faire de Bouli Lanners la bonne surprise de ce début de printemps.
Une leçon à tirer de cet Ultranova ? La Belgique ne compte pas qu’un seul acteur, Benoît Poelvoorde. Celui-ci vieillissant dans Akoibon pourra laisser sa place à l’acteur incarnant Jean-Claude, le chef d’équipe des vendeurs de maisons. Une vraie gueule.
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