© Arizona Films
Jorge est gardien d'un parc au Chili. Lui et sa famille vivent dans un quartier sensible de leur ville. Un soir, alors qu'il rentre de son travail, il se fait agresser par une bande de jeunes menée par un caïd de la cité : Kalule. Un événement en entrainant un autre, Jorge et sa famille se retrouvent persécutés par ce délinquant au quotidien. Quotidien qui devient rapidement invivable...
Le réalisateur chilien de ce film, en voyant un fait divers dans les journaux, a eu l'idée de le réécrire et de l'adapter de manière romancée sur le grand écran. Son point de départ était la souffrance des membres d’une famille harcelée au quotidien par des petits délinquants de leur cité. Alejandro Fernández Almendras raconte qu'il voulait montrer l'enfer qu'avait vécu cet homme honnête poussé à bout. Se posant donc comme une vraie tragédie, "Tuer un homme" fait tout pour nous faire sentir le poids des émotions pesant sur les protagonistes. Bien que les plans soient magnifiques, notamment par les couleurs, ils contribuent à la dureté de ce film. Avec un tournage principalement de nuit à l'éclairage naturel, la beauté des lieux et des cadres souligne la froide réalité à laquelle nous confronte ce film. On est poussé jusqu'à nos limites avec Jorge : on s'énerve, on a peur, on craint la réaction du personnage qui pourrait être la nôtre. Bref, nous sommes constamment face à un affreux dilemme.
Et cela fonctionne grâce à l’interprétation absolument remarquable de l'ensemble du casting. Que ce soit Daniel Antivilo, qui campe le rôle ingrat du caïd Kalule, qui nous fait le haïr, ou bien Alejandra Yañez, qui joue une femme et une mère désemparée et impuissante face à la force tragique des événements. Mais le film repose surtout sur la prestation de l'acteur principal, Daniel Candia, dont le regard seul saurait nous convaincre. En effet, le comédien devient, le temps du film, Monsieur tout le monde. La justesse de son jeu nous garde constamment dans la tragédie du récit, auprès de lui. Mais cela est également du à l'écriture sans faille du réalisateur, qui a su tirer du fait divers ce qui fait sa force émotionnelle : la réalité. Tout -les réactions, les actes- dans son scénario semble vraisemblable. De plus, grâce à la sobriété de ses plans, le cinéaste ne gâche jamais son récit par des fioritures. Il sait rendre la réalisation discrète mais efficace (surtout dans la scène du camion frigo en pleine nuit...). On peut donc dire que c'est un pari réussi pour Alejandro Fernández Almendras, qui a su nous plonger au cœur d'un faits divers dans lequel chacun peut se projeter. Après ce film, on ne peut s'empêcher de se regarder et de se demander : qu'aurais-je fait à sa place ?
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