© Les films du losange
Adèle est une jeune fille de 15 ans et elle veut mourir. Timo vient de s’évader de prison où il purgeait une peine pour meurtre. Blessé, il trouve refuge dans la ferme des parents d’Adèle. La jeune fille lui fait alors une étrange proposition : elle l’aide à s’enfuir à condition qu’une fois en sécurité, il la tue. N’ayant guère le choix, Timo accepte le marché...
C’est une étrange collaboration que fait vivre sous nos yeux Emily Atef. Une jeune fille profite d’une rencontre inopinée pour quitter un foyer familial dans lequel elle n’est pas heureuse. Mais ce n’est pas pour suivre n’importe qui, puisqu’elle profite de la détresse d’un tueur pour espérer mettre fin à ses jours à elle. Le film aurait pu alors devenir un haletant suspense, alternant entre leur fuite à eux et leur recherche par les parents où les policiers. Le film aurait pu également se transformer en un huis-clos psychologique intense, décortiquant ses personnages pour deviner leur passé et leur futur.
Au final le film esquive ces deux directions, en se contentant de les esquisser légèrement. La réalisatrice emprunte très succinctement la première voie en faisant intervenir des policiers, mais sans montrer leur point de vue, et elle décortique malheureusement trop vaguement ses personnages. Quelques plans ternes avec des vaches ou dans le foyer familial peu enthousiasmant nous font comprendre qu’Adèle pourrait être d’avantage heureuse, mais cela n’explique pas non plus des envies de suicide. Bref elle s’ennuie chez elle et profite de Timo pour partir. Nous n’en apprendrons pas beaucoup plus sur ce dernier, si ce n’est qu’il veut quitter la France.
Nous sommes gré à Emily Atef de nous épargner des plans tels que pourraient nous les proposer les frères Dardenne, de ceux où l’on suit le protagoniste une éternité dans son dos sans qu’il ne se passe rien. Ou ceux de Carlos Reygadas, où des brins de paille peuvent être filmés sans fin dans un simple champ. Ici les personnages sont un peu auscultés mais peu d’action, peu de dialogues, et leurs mines renfrognées ne nous aident pas beaucoup. On constate avec une légère ironie que lorsque la réalisatrice veut secouer un peu son récit, elle fait intervenir les éléments typiques du film d’action qui sont dédaignés par le genre dit « indépendant » : la bagarre à mains nues et la scène de sexe. Ainsi lorsque Timo rencontre une femme, ils semblent n’avoir pas eu tous deux de rapport depuis une éternité et couchent ensemble, assez bestialement d’ailleurs.
Emily Atef arrive parfois à donner à ses personnages un peu d’humanité, lorsqu' Adèle sourit enfin, lorsqu’elle joue au foot, ou lorsque Timo prend peur, comprenant qu’Adèle s’accroche à lui, comme s’il était une sorte de deuxième père. On reste pris entre ces deux grandes dynamiques, le suspense ou la contemplation, la compréhension ou la distanciation. Dommage, car au final le film ne fait pas grand effet, non qu’il ennuie, mais il ne secoue pas assez.
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais