© Mars Films
À la suite d’un braquage de banque qu’ils ont effectué en plein jour, Irina fait pression sur une équipe de flics ripoux, dirigée par l’ancien marine Michael Atwood, pour qu’ils se lancent dans un dernier coup extrêmement risqué. Problème : pour que le braquage réussisse, il faut que l’attention de la police soit détournée pendant son déroulement. Michael propose alors d’utiliser le « triple 9 », un code de la police indiquant à toutes les forces en activités qu’un policier a été touché. La cible sera Chris, un jeune policier intègre. Hélas, Chris est le neveu de l’inspecteur Jeffrey Allen (qui enquête au même moment sur les braquages de Michael) et aussi le nouveau coéquipier de l’un des flics ripoux. Rien ne va se dérouler comme prévu…
OK, celle-là, elle est un peu facile… Quoique pas tant que ça, à vrai dire : ce nombre doit probablement avoisiner la quantité de situations éculées proposées ici par John Hillcoat, voire même le nombre d’années de retard dans la mise en scène d’un vrai thriller intense et ambigu tel qu’on pouvait l’imaginer chez Sam Peckinpah. Pour le coup, on peut surtout affirmer que le réalisateur australien de "Ghosts of the Civil Dead" et de "La Proposition" n’est plus le même qu’avant : depuis le très manichéen "Des hommes sans loi", on sent Hillcoat de plus en plus fatigué, bloqué dans un entre-deux qui engendre des films où la brutalité du contexte s’équilibre mal avec un montage curieusement atone. La bande-annonce de "Triple 9" laissait pourtant augurer du meilleur : des flics corrompus, des braquages survoltés, un casting quatre étoiles et les promesses d’un actionner violent sur un milieu policier gavé de ripoux. Au final, le film correspond bien à cela, mais le bolide lancé nous fait surtout avoisiner la vitesse de croisière.
La scène d’ouverture, pompée sur n’importe quelle autre scène de braquage ("Heat", "The Dark Knight", "The Town"… faites votre choix), a au moins le mérite d’y aller à fond sans fioritures, d’entretenir le mystère sur les véritables enjeux du récit et de développer plusieurs points de vues en perpétuel conflit. La suite se gâte hélas assez vite : l’intensité chute considérablement, le rythme du film s’avère plus posé et le puzzle narratif, une fois recomposé, se limite à un assemblage d’enjeux plus éculés tu meurs, à base de flics corrompus, d’un jeune flic idéaliste qui découvre la corruption, d’une mafieuse aux dents longues, de quartiers bourrés de petites frappes, de conflits d’intérêts et d’une investigation exécutée comme dans un épisode moyen de "The Shield". Du déjà-vu que Hillcoat aurait sans doute voulu comme moteur d’une fresque enragée sur l’ambiguïté morale. Face à cela, il n’y a que le casting, pour le coup véritable vecteur de noirceur, pour nous étonner. Ils sont neuf au total, mais on retiendra surtout l’excellent Chiwetel Ejiofor, qui donne à son rôle de ripou une vraie substance tragique, et une Kate Winslet assez inattendue en mafieuse cruelle et peroxydée.
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