© Sophie Dulac Distribution
De mai à juillet 2011, Michel Béziat filme la préparation et les répétitions de la Traviata, mise en scène par Jean-François Sivadier pour le festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Une plongée dans l’œuvre mythique de Verdi, et dans le travail acharné de dizaines d’artistes et techniciens...
Spécialisé dans les courts-métrages et documentaires traitant de la musique classique, Philippe Béziat avait frappé un grand coup il y a quatre ans en réalisant le magnifique « Pelléas et Mélisande », qui suivait la préparation de l’opéra éponyme de Debussy par Olivier Py et Marc Minkowski. Pour son troisième long-métrage, il s’intéresse cette fois-ci à une œuvre plus consensuelle, aux mélodies bien connues du grand public. Le film en soi est aussi plus académique, puisqu’il s’attache moins à percer les mystères de l’œuvre lyrique (ce qui était le cas lorsqu’il suivait Olivier Py) qu’à montrer le processus créatif mis en marche par un metteur en scène et son équipe d’artistes.
Ici, le mariage de deux ingrédients fonctionne à merveille. Le premier est la musique de Verdi, vibrante et puissante, qui habille le film de son omniprésence. Elle incarne à merveille le déchirement de Violetta, héroïne passionnée contrainte de renoncer à son amour par pression sociale. Suivre les répétitions des chanteurs et des musiciens, guidés par un chef d’orchestre fascinant (Louis Langrée), est un vrai régal. Le deuxième est l’alchimie qui s’exerce entre le metteur en scène Jean-François Sivadier et l’interprète de Violetta, Natalie Dessay, cantatrice à l’impressionnant talent de comédienne. Avançant pas à pas dans une logique de co-création, lui la guide par son attitude posée, sa vision assurée et ses mots précis, tandis qu’elle se donne à corps perdu dans une interprétation toujours émouvante, même en pleine répétition.
La mise en scène de Béziat, qui alterne plans larges visant à souligner l’ampleur du projet et plans serrés sur les visages emplis d'émotions, est captivante. À mesure que la préparation du spectacle avance, on voit la cantatrice surmonter les difficultés de jeu que l’œuvre lui impose (et qu’elle dénonce d’ailleurs avec beaucoup d’humour), et l’on se surprend à se familiariser avec les personnages de la Traviata, jusqu’à les aimer. Le montage, habile, prend le spectateur par la main pour l’emmener jusqu’au spectacle, n’oubliant jamais de répartir son attention sur les autres aspects majeurs de la création : l’orchestre, les choristes, les décors. Seul bémol : le film prend une tournure parfois un peu scolaire (ou pédagogique, selon ce qu’on attend du film) et souffre vers la fin de petites longueurs (dix minutes de moins n’auraient pas été du luxe). Mais ce sont de bien faibles défauts en comparaison du bonheur que l’on ressent à voir Nathalie Dessay évoluer sur scène et dans son personnage. Un bel hommage à l’opéra et, surtout, au métier de chanteur lyrique.
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