©Pan Européenne Edition
A 17ans, Rachel est une jeune fille meurtrie par les abus de son beau-père et l'indifférence de sa mère. Petite fumeuse de joints marginale, elle accumule les galères. A près de 40ans, Jeanne est une danseuse, temporairement taularde, en mal d'enfant. Seul échappatoire face aux tragédies du destin : la danse…
Dès le générique de début de film, la beauté des images est saisissante. Tout au long du film c'est un travail remarquable sur le détail, les couleurs, la lumière et la composition dans le cadre qu'il faut applaudir. Carole Laure et Gérard Simon (son chef opérateur) illustrent et décortiquent les sentiments des personnages par des images à la fois artistiques et réalistes. Le regard de Rachel à travers les jambes des danseurs, Rachel dansant sa rage et son désir, les prisonnières gigotant dans leur cellule. La caméra judicieusement orientée nous en apprend plus sur les personnages que les quelques répliques parfois superflues.
40min de danse jonchent 1h40 de film, pourtant tout spectateur aussi hermétique à la danse que je le suis ne verra pas les chorégraphies ralentir le rythme du film, tant elles servent parfaitement le récit. Carole laure a réussi avec brio son challenge d'incorporer quasi-intégralement les scènes de danse au déroulement de l'histoire.
Tout près du sol m'a rappelé deux films sortis en salle cette année : Thirteen de Catherine Hardwicke, pour la violence de l'adolescente et la scène de dispute entre la mère et la fille dans la cuisine ; et Company de Robert Altman pour l'émancipation de la jeune fille dans la danse et le côté « tranche de vie » du film. Alors qu'Hardwicke abusait des caméras à l'épaule dans Thirteen pour illustrer la violence (à nous en donner la nausée), Carole Laure a su varier les mouvements pour plus de fluidité et une meilleure approche de la mise en scène. Et contrairement aux scènes de danse qui traînent un peu en longueur dans Company, celles de Tout près du sol sont parfaitement domptées et prennent sens.
Outre les prouesses techniques, Tout près du sol est aussi une histoire charmante sur l'entraide féminine, l'amour filiale et l'espoir des nouveaux départs. C'est aussi la dramaturgie lourde d'une histoire de femmes abîmées par la dureté de la vie, en quête de jours paisibles. Comme dit Carole Laure, ce film est un OVNI en ce qu'il ne suit aucuns genres, aucunes règles.
Pour son deuxième film, la réalisatrice offre une qualité de travail au dessus de toute espérance. Il s'agit d'un film très abouti (pour un deuxième essaie cinématographique) dont on pardonne les quelques maladresses scénaristiques face à la réussite évidente de la dimension picturale. En espérant qu'elle va continuer à faire des OVNI.
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