© Mars Distribution
Le beau et riche Gab quitte sa fiancée pour rentrer chez lui au petit matin, après une nuit poker alcoolisée, à bord de sa voiture décapotable. Il renverse par accident le petit frère de Leila, une jolie beurette moins gâtée par la vie que lui. Pour Gab c’est le coup de foudre. Mais ces deux-là peuvent-ils s’aimer malgré le fossé social qui les sépare ?
Sur le papier, le deuxième long-métrage d’Audrey Estrougo semble être un étonnant pari. En effet, il est assez peu habituel de voir dans le paysage cinématographique français des projets aussi hybrides et audacieux que celui-ci, qui tapent à la fois dans la comédie adolescente (les deux héros ont à peine plus de vingt ans), la fable sentimentale (l’amour est plus fort que les différences), la comédie musicale (les personnages chantent et dansent sur des chansons populaires revisitées), la peinture sociale (les riches d’un côté, les pauvres issus de l’immigration de l’autre) et le pamphlet politique (les sans-papiers traqués sous l’ère Hortefeux). Par ailleurs, le film met en scène de jeunes actrices qui montent, Leila Bekhti et Cécile Cassel, auxquelles vient s’ajouter Benjamin Siksou, révélé il y a deux ans par M6 grâce à la Nouvelle Star. De quoi attiser la curiosité.
Or passées les dix premières minutes, force est de constater que le film souffre d’un sérieux défaut : celui d’un scénario téléphoné, qui enchaîne les clichés au premier degré. Les situations ont été vues mille fois (le coup de foudre après l’accident, le premier rencard sur le toit de l’immeuble…), les rebondissements sont dignes des séries TV les moins imaginatives (la meilleure amie de Leïla se fait embarquer par la police, dont le Préfet est comme par hasard le père de Gab) et la caricature faite des personnages est regrettable, rendant d’ailleurs l’interprétation des acteurs parfois douteuse (surtout Benjamin Siksou, qui se cherche pendant tout le film). Quant à la façon dont la société populaire et la bourgeoisie parisienne sont stéréotypées, (cf. le personnage très « Ferrero Rochers » de Cécile Cassel, qui joue le rôle de la fiancée de Gab), c’est tout bonnement insupportable. Le propos social et politique tenu pendant tout le film en devient ridicule, voire contre-productif.
Aussi, que retenir de bon de cette expérience hybride malheureuse ? Pas grand chose, si ce n’est l’efficacité de quelques scènes chantées, qui peinent à émerger parmi un lot d’adaptations musicales manquant dans l’ensemble d’ambition (pauvre Jacques Brel !), et la fraicheur de Leila Bekhti, qui est la seule à rendre son personnage un peu émouvant. Il reste à espérer que ce film ne plombe pas sa carrière et ne l’empêche pas, dans un futur proche, de se voir proposer d’autres rôles que celui de la beurette de quartier auquel elle est trop souvent cantonnée.
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