affiche film

THESE ARE THE RULES

Il y a des règles


un film de Ognjen Svilicic

avec : Jasna Zalica, Emir Hadzihafizbegovic, Ljubomir Bandovic...

Le quotidien sans histoire d’un couple ordinaire vivant dans une banlieue de grands ensembles de Zagreb, comme il en existe tant en Europe, bascule avec la mort soudaine et inattendue de leur fils unique de 17 ans, peu après son retour au petit matin d’une virée nocturne où il a été tabassé violemment et sans raison apparente par des camarades d’école...


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Photo film

Drame sous chloroforme

Le film montre comment le couple se heurte à l’indifférence polie, aussi formelle que déshumanisée, de la machine administrative (à l’hôpital, au poste de police) qui les bringuebale de services en services, de procédures en procédures, d'agents anonymes en autres agents toujours différents et toujours indifférents, obtenant des bribes d'informations contradictoires. Très discipliné et calme, le couple traîne son incompréhension tout au long du film, confronté à l’énigme de la mort de leur enfant et à son scandale, qui pourtant ne semble particulièrement émouvoir personne. Chaque interlocuteur demeure cantonné dans la stricte limite de la tâche qui lui est assigné, laissant à la société le soin de prendre en charge l'événement dans sa complexité et son intégralité.

Comédie douce amère, le film décrit avec retenue le désarroi d'un couple ayant toujours respecté les règles, et maintenant sa confiance dans le système et sa logique, et du coup ne comprenant pas ce qui se passe, ne disposant comme seule clef d'explication qu'un pauvre “ce doit être une erreur” bien éloigné d'une situation tragique dont ils semblent peiner à prendre toute la mesure.

Le film dénonce ainsi la déshumanisation de la société, opposant la chaleur et l’empathie du couple plein d'attentions touchantes entre eux et envers les autres, à la froide indifférence d’une banlieue sans âme et de services sociaux tournant à vide, déconnectés des situations qu'ils sont sensés prendre en charge.

Pourtant, à trop vouloir décrire cet état de fait en en épousant la forme chloroformée, le film en devient sans grand intérêt, toute manifestation de sentiments étant comme étouffée voire interdite. Dès lors, l'explosion de colère et l'élan de vengeance à la fin du film fait flop auprès du spectateur car ils s'avèrent trop tardifs et à contre-sens. Ce que confirme l'épilogue, simple reprise du quotidien habituel, tout pathos étant rapidement évacué après la courte et passagère réaction à un acte scandaleux.

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