© Epicentre Films
Théo rencontre Hugo dans un bar nudiste parisien, alors qu'ils sont en train de se taper chacun un mec différent. Délaissant leurs partenaires du moment, ils finissent par baiser ensemble, puis par faire connaissance. C'est à ce moment là que l'un s'aperçoit qu'ils viennent de baiser sans préservatif...
Certains reprocheront au nouveau Ducastel et Martineau de nous livrer un mode d'emploi de l'attitude nécessaire suite à une potentielle exposition au risque d'infection VIH. Il faut pourtant avouer que les scènes du film qui abordent, de manière frontale cette question, et en décortiquent les étapes indispensables (passage aux urgences, traitement post-exposition...) sont à la fois pédagogiques et tournées dans un objectif de dédramatisation de ces moments difficiles, lors desquels dévoiler notamment sa sexualité à un personnel médical n'est pas forcément chose aisée.
On regrettera en tous cas le choix d'une ouverture, imposant au spectateur près de 15 mn interminables de scènes pseudo-pornos (où rien ne semble simulé), dans une « boite à cul » parisienne. Il faut dire que ce choix positionne le film d'emblée « le cul entre deux chaises », entre regard idéalisé sur un moment de prise de risque inconsidérée, et volonté préventive qui semble toute à l'opposé. De là à ce que le film ne serve, de plus, la soupe aux partisans de la manif pour tous, qui auront vite fait d'assimiler homosexualité et perversion, et de dire que ceux-ci « n'ont que ce qu'ils méritent » par rapport à leur mode de vie, il n'y a malheureusement qu'un pas.
Si la position des auteurs, consistant à affirmer par là que l'amour ou une véritable rencontre peut avoir lieu n'importe où, même dans les lieux les plus glauques, ou les moments les plus désemparés, semble fort juste, leur choix de traitement de l'endroit s'avère des plus malheureux. Là où Alain Guiraudie livrait à la fois une vision anthropologique des milieux de drague en extérieur, tout en atténuant leur rudesse par un humour décalé, le duo de réalisateurs affiche une approche frontale peu utile, et desservant au final le propos.
Quant au reste du film, il déçoit également, la fameuse poésie de Ducastel et Martineau ("Jeanne et le garçon formidable", "Ma vraie vie à Rouen") donnant ici une série de moments dont presque aucun ne fonctionne, la faute à des dialogues bourrés de clichés et de raccourcis sur des sujets politiques. Sur une structure proche de celle de leur chef d’œuvre, "Drôle de Félix", les auteurs jouent inutilement sur tous les tableaux, et alignent ici des scènes de rencontres sans aucune magie, de la confrontation avec l'homme dans la salle d'attente (qui est forcément un « vieux-con »), au dialogue avec le vendeur de Kebab (comme par hasard immigré syrien d'avant la guerre), ou à la discussion politique avec la vieille dame d'un premier métro lui aussi grandement idéalisé.
Reste l'approche de la rencontre entre les deux garçons, qui nous livre deux beaux moments, cinglants de véracité : la sortie de boite avec ce moment de flottement entre un désir de rester ensemble et de s'éloigner, et la conclusion, qu en constitue un intelligent parallèle, en forme de « et après ? ». Des moments où malheureusement s'immiscent les sempiternels clichés sur l'adoration des homos pour le pénis de leur partenaire, faisant presque malheureusement oublier les quelques réflexions fort juste sur l'attitude des familles ou sur l'homophobie et la bêtise ordinaire (« C'est parce qu'il est PD qu'il a la priorité ? ».
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