affiche film

© AB Vidéo

THE SHAMER

(Skammerens datter)


un film de Kenneth Kainz

avec : Rebecca Emilie Sattrup, Maria Bonnevie, Jakob Oftebro, Peter Plaugborg, Allan Hyde, Søren Malling, Stina Ekblad, Roland Møller…

Le royaume de Dunark est en proie à une crise sans précédent : la famille royale a été assassinée ! Dina, jeune fille issue d'une longue lignée de Shamers – des sorciers des temps anciens capables de lire la part la plus sombres de chaque individu – et sa mère, se rendent sur place pour faire avouer le coupable grâce à leurs dons remarquables. Mais Dina va peu à peu s'apercevoir que tout ceci n'est qu'une terrible manipulation qui pourrait bien bouleverser le royaume à tout jamais...


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Photo film

Un conte d'heroic fantasy honnête et agréable

Sortie directe en Vidéo, DVD, BluRay et VOD le 4 mai 2016
« The Shamer's Daughter » de son titre original, fut présenté en fin du Festival de Gérardmer 2016. Son réalisateur, Kenneth Kainz, est un parfait inconnu. Difficile de recouper des informations pour savoir ce qu'il a produit auparavant. Partons alors du principe que "The Shamer" est son premier film, du moins à dépasser les frontières danoises. Et lorsqu'on lit le résumé et la classification « tout public » sur la brochure, on commence à douter de l'utilité de la présence d'un tel film au sein d'un festival, certes fantastique mais aussi horrifique. 1h36 plus tard quel est le verdict ?

Commençons par l'histoire qui, en elle-même, n'est en aucun cas originale. Un complot mené par un méchant conte rival du nom de Drakan, avide de pouvoir, qui décide de tuer la famille royale. Tout ceci est mis à mal par Dina, la petit sorcière Shamer qui voit clair dans son jeu. Drakan lance alors à sa poursuite ses meilleurs chevaliers, afin de l'empêcher de divulguer la vérité. Premier reproche que l'on pourrait faire au film : il ne fait pas dans la finesse et encore moins dans l'originalité. Bien que la production et l'ensemble du casting soient danois, cela ne les empêche pas de calquer leur film sur des productions anglo-saxonnes emblématiques telles que "Princess Bride" (Rob Reiner, 1988) plutôt que d'essayer de lui donner une personnalité qui lui serait propre. On y retrouve toutes les figures imposées et les situations types du genre heroic-fantasy : un méchant bien méchant, atteint d’un gros complexe d’Œdipe (et notre très cher protagoniste est roux, histoire d'en rajouter encore un peu) ; une fillette (Dina) aux pouvoirs extraordinaires qui se retrouve malgré elle dans une histoire qui la dépasse ; un récit d'émancipation autour d'une petite fille qui va apprendre peu à peu qui elle est, d'où elle vient et où elle va… Nous sommes dans le conte pur et simple. Et les seconds rôles ne dérogent pas à la règle. On a droit à la meilleure amie candide au grand cœur, au méchant chevalier qui retourne sa veste au dernier moment afin de protéger les innocents, et ainsi de suite... Toutefois, cela n'enlève rien à l’interprétation. Difficile de se faire une idée en ce qui concerne les seconds rôles tant leur psychologie est convenue, mais Dina – la Shamer de l'affiche et héroïne du film – reste très convaincante. Elle sait se montrer vulnérable et souligner son évolution jusqu'au final où une certaine maturité se dégage de son regard. Quant au méchant joué par Peter Plaugborg, il est en roue libre et provoque quelques sourires.

Mais tout ceci fait partie du jeu. Nous sommes en terrain connu il est vrai, mais lorsque le film se termine, il reste quelque chose. Une sorte de satisfaction de spectateur bordé avec ce genre d'histoires. Le genre d'histoires qui nous faisaient rêver, peur, pleurer et rire. On sent cette volonté honnête de la part du réalisateur de ne pas nous mentir sur la marchandise. Comme s’il voulait nous dire : « vous allez bel et bien voir un conte fantastique avec tout ce que cela implique, mais promis j'y mettrai mon cœur ». Et le résultat est là.

Malgré tous ces passages obligés qui font lever les yeux au ciel à partir d'un certain âge, on voit cette envie de partager un univers, et surtout ce moment familial que le film propose. Un divertissement « for all », destiné à être partagé en famille, l’intention est louable. A l'heure des blockbusters aux genres peu diversifiés (action, super héros) et aux budgets monstrueux, un film comme "The Shamer" fait du bien avec son innocence presque dérisoire. Le film ne s'inscrit pas non plus dans la lignée de films comme "The Lord of the rings", il n'en a ni l'ambition ni les moyens. Reste un film qui semble dater d'une autre époque. Une époque où les ambitions scénaristiques n’étaient pas révolutionnaires mais sincères. Une époque où tout se passe en décors naturels et en créatures animatroniques. On peut regretter tout de même une forme trop classique, parfois ennuyeuse au milieu du métrage. La mise en scène a aussi tendance à plomber par moments le rythme. Plus d'investissement à ce niveau-là n'aurait pas été de trop. Il manque un brin d'inventivité dans la caméra de Kenneth Kainz, pour totalement emporter l'adhésion. L'ensemble est trop sage, là où un "Princess Bride", plutôt culotté pour un divertissement dit familial, surtout à l'époque, ne se refusait ni les scènes glauques (les rats géants des marais) ni les scènes de combat au dialogues parfois un peu osés ! "The Shamer" ne surprend donc jamais vraiment.

Mais malgré le faible budget, les choses fonctionnent. Les beaux décors naturels des côtes danoises donnent un côté épique au film, souligné par une bande son lyrique et rythmée. Les effets spéciaux, discrets et réussis, sont aussi l'un des points forts du film. Là où on s'attendait à voir de mauvais choix visuels, ceux-ci fonctionnent grâce à un vrai savoir-faire technique – les scènes où s’expriment les pouvoirs du « shamer » sont des passages très réussis esthétiquement. Les dragons sont également un bon point, ils sont propres en terme de FX et s’intègrent bien à l'environnement. Le film a le mérite de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre, il ne tombe pas dans une surenchère quelconque dans son final et le réalisateur reste cohérent avec son intention de départ. On sort de la salle avec un sourire au coin des lèvres, satisfait et certain d'avoir passé un bon moment grâce à l'effet Madeleine de Proust que procure l'ensemble. On se rêve à nouveau enfant à jouer aux chevaliers, combattant des monstres maléfiques afin de délivrer la princesse. Acceptez ce retour en arrière l'espace d'une heure et demie et vous en sortirez enchantés.

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