© Les Films de l'Atalante
Tarik est victime d’homophobie car il s’habille et se maquille en femme. Sauf que la jeune génération ne comprend pas qu’il s’agit d’une tradition marocaine ; née parce que les femmes ne pouvaient pas danser devant les hommes, et que ces derniers prenaient finalement leur place…
« Dans un pays sans couleur »… C’est un peu par ces mots que commence le long métrage d’Hicham Lasri, film en noir et blanc (donc) et qui prend place dans un Maroc dont on ne saurait situer l’époque. On y parle de passé. Cette histoire qui nous est contée est ainsi fortement nostalgique des traditions qui se perdent. Tarik est le fruit d’une d’entre elles : celle de ces hommes qui se travestissaient pour remplacer les femmes interdites de danser devant la gent masculine. Tarik n’est plus perçu comme un descendant de son pays, un représentant de son Histoire mais comme un vulgaire pédé qui ne mérite aucune compassion. On y parle du présent également, des maux de la société (violence, drogue, corruption) avec en toile de fond un Maroc malade, vieux et qui n’avance plus, à l’image de cet âne dont les jours semblent comptés. D’où un regard inquiet sur le futur, mais une dynamique où les personnages vaillants semblent encore habités par un espoir de renouveau et de changement, que les nouvelles technologies ne semblent pas être en mesure d’aider, si l’on en croit l’amusant bug de l’eau qui se pixelise comme dans un jeu vidéo des années 80.
Hicham Lasri dresse donc un portrait peu flamboyant de son pays en deux teintes : en noir et blanc. Un pays pris en étau entre deux visions (le passé et le présent) et entre deux symptômes (le bien et le mal). La société marocaine semble n’avoir de choix que de se ranger dans l’un ou l’autre camp. Le long métrage est un long poème d’amour et d’insurrection vis-à-vis de la société marocaine. Un film de résistance qui a le mérite de sortir des sentiers battus d’un cinéma nord-africain souvent absent de la distribution française. Ce film marque en quelque sorte un renouveau du cinéma marocain. La modernité de la narration, de l’esthétique de la réalisation et du ton poétique et allégorique crée un pur ovni cinématographique qui n’est pas avare en citations de genres (comme les films de Tarantino ou de Jodorowsky). Une étrangeté qui n’est pas dénuée de longueurs ou d’effets superflus, mais qui mérite le coup d’il.
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