© The Jokers / Le Pacte
Tout juste deux heures après avoir combattu un cartel entier dans un immeuble de Jakarta, Rama est sommé de s’infiltrer au sein d’un gang du syndicat du crime…
Qu’attendre, finalement, de la suite d’un film comme "The Raid", météore d’action gore débarqué sans qu’on l’attende de son Indonésie natale ? Plus de bastons ? Plus de sang ? Ou alors fallait-il que Gareth Evans, nouvel ordonnateur du film de baston qui débourre, s’essaie à emmener son film dans une autre direction ? À la vision de ce très attendu "The Raid 2", on a bien envie de répondre : un peu des trois. Pour le meilleur, et parfois, un (tout petit) peu, pour le pire…
Le premier opus avait surtout pour lui de savoir limiter son propos à son fabuleux concept de base, à savoir 1h40 d’action gore en huis-clos sur le schéma narratif du jeu vidéo (une tour à gravir en bastonnant des mecs, avec le boss tout en haut…). En annonçant cette suite, Evans promettait un film épique, d’une durée folle de 2h30, et mêlant la fresque criminelle et l’actioner frénétique. Et si sur le papier, le résultat tient toutes ses promesses, il faut bien dire que le jeune cinéaste a parfois eu les yeux plus gros que le ventre.
Démarrant son intrigue deux heures après la fin du premier, Gareth Evans envoie son héros (toujours interprété par l’excellent Iko Uwais) en infiltration dans les rangs de la mafia locale, en prélude à une chasse aux flics ripoux pouvant finir en sanglante guerre des gangs. C’est bien dans cette matière criminelle, dans ce récit mêlant flics undercover, jeune parrain ambitieux et tueurs déjantés, qu’Evans pêche par excès. À trop vouloir jouer sur les plate-bandes d’un Martin Scorsese (entre autres…), à trop multiplier les sous-intrigues, à trop vouloir mêler le sérieux de son histoire à ses propres désirs de fanboy énervé (Hammer Girl et Baseball Bat Man… tout un programme !) le réalisateur sacrifie des personnages (Prakoso et l’« autre » flic infiltré, les deux personnages les plus intrigants du film) et dilue malheureusement sa narration, la trop grande longueur (et les tunnels dialogués qui la meublent) de son film empêchant le spectateur d’en apprécier pleinement les pourtant estomaquantes qualités.
Car oui, aussi décevant soit-il sur le plan narratif, "The Raid 2" n’en reste pas moins un film à voir ABSOLUMENT pour tout fan de cinéma d’action qui se respecte. Parce que par la grâce d’une mise en scène énergique (plans-séquences en pagaille, mouvements de caméra immersifs, cadrages impossibles), d’un montage hallucinant et de chorégraphies incroyables, ce que proposent Gareth Evans et son équipe, en terme de séquence d’action, tient bien souvent du jamais vu, le film assurant à intervalles réguliers son quota de bastons ultraviolentes, de courses poursuites démentes et d’assassinats sauvages. De la très singulière bagarre générale dans la prison – et dans la boue ! – à son incroyablement barbare fight final, "The Raid 2" pousse encore plus loin les effusions de sang, les défonçages de tibias/avant-bras/crânes/gorges/cages thoraciques, pour un résultat qui épuise et laisse sur les rotules. Finalement, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Paye ta gueule de bois post-visionnage !
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