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Atteint d’un cancer, le cycliste Lance Armstrong décide alors de se battre pour survivre. Une fois son cancer en rémission, il crée une fondation contre le cancer et décide de faire l’impossible pour gagner le Tour de France. Il en gagnera sept, devenant ainsi une légende qui aura marqué l’histoire du cyclisme. Jusqu’au jour où les révélations sur un ambitieux programme de dopage ne vienne détruire son image médiatique et précipiter sa chute…
Avec le recul, on peut considérer qu’il était logique de voir Stephen Frears s’attacher au parcours de Lance Armstrong : ce parcours d’un soi-disant champion ayant fini par révéler sa véritable image de tricheur au monde entier rejoint en tous points celui d’un cinéaste soi-disant surdoué et audacieux, attaché depuis plus de cinq films à révéler à quel point ses aptitudes de mise en scène n’ont jamais été aussi hautes qu’on a bien voulu le dire. Qualifier le cinéaste des "Liaisons dangereuses" et de "High fidelity" de « tricheur » n’a franchement rien d’exagéré dans le cas de "The Program" : en effet, à l’instar d’Armstrong pour gagner une course de vélo, Frears a visiblement voulu se doper avec des produits afin d’essayer de dynamiser un scénario sans aucun relief. Sauf que se doper en cherchant à imiter – extrêmement mal – le génie des autres, ça ne sert strictement à rien. Et dans le cas présent, ça confine carrément au grotesque.
Déjà, attachons-nous à préciser que les néophytes et les spécialistes de l’affaire en question sortiront de la salle en n’ayant strictement rien tiré du visionnage. Le scénario concocté par John Hodge (à l’écriture sur "Trainspotting" ou "Trance") se contente ici d’aligner les points-clés du dossier en laissant tomber les transitions, ce qui rend le film décousu et laborieux. Le montage, lui, se limite à mixer les expérimentations visuelles de Danny Boyle avec une rythmique musicale à la Scorsese (pas mal de morceaux connus composent ici la BO), le tout en fonçant trop vite, à l’image d’un cycliste en pleine descente du Mont Ventoux. Même verdict pour le contenu : les reconstitutions de vélo sont d’une mollesse à faire frémir un commentateur sportif de France 2 (on voit bien que Frears n’y connait que dalle, comme il l’a confié à nos confrères de France Inter) et même le regard assez sec sur tout ce qui entoure le Tour de France – surtout les discussions entre journalistes – n’a pas assez de verve pour égaler le degré de subversion d’un cinéaste comme Oliver Stone.
Film inutile par excellence, quasi nul par logique de production et dépourvu du moindre point de vue de mise en scène, "The Program" ne peut même pas compter sur son casting pour se rattraper sur les derniers kilomètres : aux côtés d’un Ben Foster certes plutôt pas mal en cycliste manipulateur, on reste mort de rire en voyant Guillaume Canet incarner le fameux docteur Michele Ferrari avec une moumoute ridicule et un accent italien digne d’une pub pour la mozzarella. Cela dit, le pic de la déception reste le fait de voir un film qui, sous bien des aspects, n’a formellement rien à voir avec ce que Frears a pu filmer auparavant. Fallait-il donc qu’il singe le travail formel de ses contemporains pour tenter de transcender un style qu’il n’a peut-être jamais su modeler ? Certainement pas. On sait désormais que le dopage, en plus d’être illégal, est peut-être la pire gaffe possible pour un artiste. Désolé, Stephen, le dépistage est positif, tu t’es fait griller…
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