Bill Boss dirige une prison de haute sécurité spécialisée dans les criminels les plus dangereux. Mais son établissement croule sous les problèmes : les émeutes y sont légion, les frais médicaux sont de plus en plus élevés, le personnel manque de moyens, et surtout, il n’arrive pas lui-même à affirmer son autorité, aussi bien sur les détenus qu’envers le gouverneur de l’État, lequel semble avoir de plus en plus envie de le renvoyer. Au cours d’un été caniculaire, Bill sombre jour après jour dans la folie. Mais son assistant Dwight, grand fan des deux films "The Human Centipede", lui offre la solution pour faire des économies et changer pour de bon le système carcéral : créer un mille-pattes humain avec les 500 détenus de l’établissement !
Jusqu’où ce grand malade de Tom Six pouvait-il aller dans l’extrême ? On s’était déjà fait une petite idée de la chose en découvrant l’ignoble second film de la saga d’horreur la plus barrée jamais créée et, du coup, il y avait une certaine crainte à la découverte de ce chapitre final, lequel ayant pour seul argument de vente un mille-pattes humain composé de cinq cent prisonniers ! On nous l’avait pourtant vendu comme un film moins dégueu que ses deux prédécesseurs, plus porté sur l’humour noir et très subversif d’un point de vue politique. Sauf que si "The Human Centipede 3" évacue sans problème l’obscénité graphique du second film (ouf !), il n’en reste pas moins la continuité névrotique d’une saga plus bête qu’autre chose, usant d’un concept débile qui semble se suffire à lui-même et déployant un degré de subversion identique à celui d’un nanar (mal) torché par Uwe Boll ("Postal"). C’est dire à quel point les excréments laissés par la saga risquent de ne laisser aucune trace après un bon nettoyage…
Et pourtant, question dégueulasse, le film se pose là. Tout d’abord, même si l’humour noir prime, en effet, sur le premier degré mal géré des deux épisodes précédents, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Tous les ingrédients de la saga ont vu ici leur curseur aiguillé sur l’option « too much », à commencer par un Dieter Laser visiblement défoncé à toutes les drogues existantes sur le marché (aurait-on trouvé le plus mauvais acteur de la planète ?), un Laurence D. Harvey qui s’est fait pousser la moustache pour ressembler à un mini-Hitler grassouillet, la pornstar Bree Olson venue jouer les assistantes à décolleté dans un pénitencier rempli d’obsédés (très logique, en effet…) et des scènes si extrêmes que seul un cerveau pervers pouvait les imaginer (torture-noyade à l’eau bouillante, arrachage de testicules au cutter, viol par un trou de coup de couteau dans les côtes, etc.). Sans parler d’un Tom Six qui, fidèle à sa volonté de se la jouer « méta », interprète ici son propre rôle dans une mise en abyme particulièrement stupide, qui ne vise qu’à le voir régurgiter son quatre-heures devant la cristallisation réelle de son propre concept.
Pour le reste, du côté du scénario, on pourrait résumer l’affaire en évoquant un remake cheap de la seconde partie de "Tueurs nés", en mille fois moins bien filmé et sans le souci d’expérimentation d’Oliver Stone, mais avec l’impression de voir la violente émeute finale en train de virer au carnage bucco-anal. Et si Six voulait se la jouer politiquement incorrect sur le fond en imposant ce mille-pattes humain comme solution absolue au problème des détraqués pervers qui croupissent en prison et qui créent des émeutes, autant préciser qu’il se fourvoie littéralement. Son concept était déjà si débile et crypto-facho qu’il ne pouvait que nous balancer au final son étron en plein visage, sans recul possible, dans un geste à la fois gratuit et rigolard (sauf qu’il est bien le seul à en rire). Autant dire qu’après coup, ça ne sent vraiment pas bon. Mais on peut se rassurer en considérant qu’il était grand temps que la saga se termine et, qu’en fin de compte, elle ne laissera pas de traces…
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