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Eun-yi, une femme divorcée, est recrutée comme femme de ménage par une famille bourgeoise, dont l’épouse attend un enfant. Elle emménage dans l’immense demeure familiale et prend ses fonctions aux côtés d’une gouvernante acariâtre, qui ne se prive pas de lui déléguer les tâches les plus ingrates. Insatisfait de sa femme enceinte, un soir, le chef de famille fait irruption dans la chambre de la bonne, pour lui octroyer ses faveurs...
Construit comme un compte à rebours, dont la future naissance de l’enfant serait le moment culminant, « The Housemaid » est un thriller érotique qui, par son orchestration brillante, scotche le spectateur pendant une bonne heure et demi. En effet, passé le préambule troublant sur le mystérieux suicide d’une femme, jetée du haut d’un hôtel en plein Séoul, se met en place une atmosphère envoûtante de froideur et d’étrangeté. La photographie, qui tire sur le gris, et la sobriété de la mise en scène, accompagnent subtilement l’entrée de la protagoniste dans ce nouveau monde immaculé, où la courtoisie est prodiguée en signe de supériorité sur autrui. Même le décor, que constituent les pièces de la demeure familiale, fait partie intégrante du tableau : à la fois contemporain et victorien, sobre et luxueux, il est un personnage à part entière.
Mais outre son formalisme pointu et sa formidable progression scénaristique, la plus grande qualité de ce film réside dans son mélange équilibré de tension, d’humour et d’émotion. La présence d’un casting de stars - composé notamment de Jeon Do-Youn, lauréate d’un prix d'interprétation cannois pour son rôle dans “Secret Sunshine” en 2007 - n’est pas étranger à cela. Et étonnamment, ce sont même les seconds rôles qui séduisent le plus, avec en tête Youn Yuh-Jung, tout simplement irrésistible en gouvernante condescendante et manipulatrice. Capable du pire comme du meilleur, elle est le levier du film et le symbole paradoxal d’une société castée, où la femme sait aussi bien subir que persécuter.
Hélas, comme pris au piège par sa propre ascension, “The Housemaid” ne tient pas ses promesses jusqu’au bout. Im Sang-soo casse l’ambiance en changeant subitement de registre, et délivre un dernier quart d’heure bâclé, coiffé d’un dénouement grotesque. L’ajout d’un épilogue, ultime tentative de redonner du panache au film, ne parvient pas à rattraper la bourde. Cela est vraiment dommage, car on tenait-là un remake captivant.
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