Bill est un trentenaire un peu artiste sur les bords, et qui donne l'image d'un glandeur n'ayant jamais trop su dans quel travail s'impliquer. Ayant besoin d'argent, il a l'idée de monter un stand de vente de nourriture « bio » ambulant. Face à son banquier, il subit une première humiliation, celui-ci lui indiquant qu'il a déjà une dette, mais acceptant de lui prêter tout de même une somme ridicule. Enfin, il finit par trouver un comptoir ambulant à hot dogs, le maquille en vert, et se lance avec ses recettes maisons...
Découvert à Venise, dans la section Journées des auteurs, "The Happy poet" est une charmante petite comédie américaine sur un jeune homme tentant de s'en sortir en créant un stand de vente de nourriture saine et principalement végétarienne. Paul Gordon, réalisateur, interprète lui même le rôle principal, celui de Bill, homme plutôt introverti, qui tente d'affirmer son idée, sans sembler lui-même être totalement convaincu. Autour de lui, la perplexité fait rage, depuis son banquier, jusqu'à ses premiers clients (tous obsédés par les hot dogs), en passant par ses amis, qui acceptent néanmoins de l'aider. Amusant, le scénario tire profit de la naïveté de cet anti-héros de la green-economy.
Avec sensibilité, le scénario joue avec la naïveté apparente de ce personnage qui se laisse volontiers balloter au grès des rencontres. Celui-ci est en effet incapable de déceler les agissements de ceux qui l'entourent: l'ami motard glandu qui se propose pour faire des livraisons, et en profite pour dealer du shit, ou une sorte de parasite, qui fut en fait son premier client (bénévole pour goûter, bien entendu) et qui pourrait bien cacher quelques secrets. Rapidement, l'on sent la catastrophe financière arriver, d'autant que le jeune homme commence à croire au caractère de « piège à fille » de sa petite entreprise, que lui décrivent ses amis, et se sent pousser des ailes avec une jolie cliente, à qui il offre tous ses repas.
Progressivement, le scénario contrebalance ainsi l'échec vraisemblable du commerce, par la naissance d'une maladroite histoire d'amour. "The happy poet", du fait du métier de ce sympathique et généreux looser, qui aime à faire partager son goût des bonnes choses, est donc une comédie engagée (contre la mal bouffe, le prix inaccessible du "bio", la mécanisation de l'agriculture...), doublé d'une véritable comédie, certes fortement bavarde (on pourrait presque dire « à la Woody Allen »), mais qui sait exploiter chacun des personnages secondaires, comme le "hot-dog nazi" qui veut que sa charrette ne serve qu'à produire ce genre de nourriture bien grasse, et tirer profit des situations les plus classiques, comme une première soirée intime, où la lecture d'un poème un peut sombre pourrait bien tout gâcher. Un film cuit à point, prêt à emporter, dont on regrettera juste le happy end, en forme de success story un peu trop facile.
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