© Pyramide Distribution
Un scientifique, conférencier à ses heures, ayant tout un discours sur les différences dans la description de la réalité, vit avec une architecte. Un beau jour, il se retrouve obligé de rentrer chez lui, en coup de vent, pour récupérer un dossier. Il voit alors des lieux familiers sous un autre jour...
Eran Kolirin, auteur de « La visite de la fanfare », s'est offert avec « The exchange » un virage à 180º en direction d'un art et essai pur et dur. Fable aux dialogues minimalistes, son film raconte le « pétage de plombs » progressif d'un scientifique qui, rentrant chez lui un après-midi, découvre sa femme, endormie sur le lit, sous un nouveau jour. Il en sera de même pour son appartement et tous les lieux qui lui sont habituels (l'entrée de l'immeuble, le garage...). Le personnage n'aura alors de cesse d'essayer de voir le monde autrement, en expérimentant ces lieux qu'il connaît pourtant très bien. Ainsi, par exemple, il touche les murs avec curiosité, il s'allonge par terre dans l'entrée de son immeuble, se cache dans la cour de son institut à l'intérieur d'une haie, ou jette des objets dans des endroits insolites... bravant interdits et logiques, pour tenter de ressentir « autre chose ».
Encouragé dans ses élans par la présence d'un étrange voisin, le personnage principal trouvera matière à alimenter son fantasme d'une éternelle nouveauté et du bonheur simple pouvant découler de cet état d'observateur en perpétuel étonnement. Tentant d'entraîner sa femme dans son délire légèrement transgressif (les cris devant les appartements vides...), il finira cependant par subir quelques déconvenues. Avec ce concept simple, et son message notamment sur le renouvellement du regard nécessaire à la continuation de la relation amoureuse, Kolirin se rapproche doucement des films du grec Yorgos Lanthimos (« Canine », « Alps »). Cependant, cette idée, sympathique au début, devient rapidement répétitive et ennuyeuse, le scénario tournant rapidement en rond.
Reste que l'idée poétique du départ, se transforme peu à peu en un constat qui semble fort juste : celui de l'éloignement paradoxal du personnage avec sa propre vie, avec le monde des humains. Mais adopter le regard d'un étranger vous transforme-t-il en un autre homme ? Une parabole sur l'état du personnage, spectateur d'une autre réalité, que l'on peut indéniablement extrapoler à celui du spectateur de cinéma. Ressort-on d'une projection transformé ou est-on toujours le même homme ? Un questionnement intéressant, pour un film cependant difficilement accessible et profondément répétitif.
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