New-York. 1989 : un fait divers va défrayer la chronique. Une jeune joggeuse de 28 ans, Trisha Meili, est violée et battue dans Central Park. Par l’atrocité des faits et l’état critique de la victime, ce crime sera l’un des événements locaux les plus médiatisés, et pour lequel un coupable devait être désigné. Ils seront cinq jeunes garçons à être accusés à tort...
Peu connu en France, le fait divers auquel le réalisateur fait référence fut une véritable bombe dans le New York des années 80. Dans une ville où la criminalité était extrêmement forte, où le crack avait envahi les rues et où le quartier de Harlem n’était pas du tout fréquentable, Central park apparaissait comme un sanctuaire protégé de toute cette violence et de cette instabilité. C’est donc dans ce climat de tension, de ségrégation et de ghetto-isation de certains quartiers de la grosse pomme que l’inimaginable a eu lieu. Le soir du 19 avril 1989, Trisha Meili a été battue et violée alors qu’elle faisait son jogging dans le célèbre parc, et quelques heures plus tard, cinq jeunes garçons entre 14 et 16 ans furent interpellés et accusés à tort de ce crime.
À travers des images d'archives (photos et vidéos) accablantes, le réalisateur déroule son argumentation pour rétablir la vérité sur cette histoire, démontrant l’injustice de la condamnation de ces jeunes noirs américains, dont les seules faiblesses étaient leur jeunesse et leur couleur de peau. Il commence par faire parler chacun des cinq protagonistes de l’évènement, pour installer le contexte, puis explique l'environnement politique de l’époque où de très grandes richesses côtoyaient une grande pauvreté. Il poursuit ensuite par le récit de l’aberrante arrestation des jeunes garçons et les failles et manquements à la règle dont les policiers ont fait preuve pendant l’enquête, et enfin, il leur fait parler de leur vie d'aujourd'hui et la manière dont ils ont pu se reconstruire après chacun plus de 7 années passées en prison...
Malgré une construction chronologique et académique, Ken Burns (réalisateur de « La guerre ») signe un documentaire extrêmement poignant sur les injustices du système judiciaire américain de l’époque, ainsi que sur l’implication des médias dans le lynchage dont furent victimes les cinq jeunes hommes. Il accuse les journalistes d’avoir été les complices de cette erreur judiciaire, en omettant de remettre en cause les informations transmises par les autorités policières. Un témoignage tardif, mais qui a le mérite d’exister, pour rétablir la vérité et la dignité de ces cinq garçons à qui ont à volé l’innocence, et dénoncer l’hypocrisie d’un modèle judiciaire américain à deux vitesses (qui n’a d’ailleurs toujours pas innocenté ces 5 hommes, 23 ans après les faits).
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