© Pathé Distribution
Marc, nouveau venu dans un lycée de Los Angeles, devient ami avec Rebecca et ses copines. Sous l'influence de cette dernière, il va peu à peu se laisser entraîner à voler les objets laissés dans des voitures, ou à s'introduire chez des gens en leur absence. Autour d'eux, un groupe va se former, s’immisçant sans fracas, dans les villas de stars telles que Orlando Bloom ou Paris Hilton, mais ramenant au passage quelques souvenirs...
Décidément, le Festival de Cannes ne semble pas porter chance à Sofia Coppola. Après avoir essuyé une douche froide lors de la présentation en compétition de "Marie-Antoinette" en 2006, voici que son petit dernier, présenté en ouverture d'Un certain regard, n'a pas réellement fasciné. Car "The Bling Ring", s'il développe finalement un propos très proche de celui de "Spring Breakers", le dernier film d'Harmony Korine, autour de la vacuité culturelle (et cérébrale?) des adolescents américains, gavés de publicité pour des marques de luxe et de magazines people, et de leur soif de célébrité, n'a pas vraiment l'extravagance déjantée de celui-ci.
Centré sur le duo que forment un jeune homme timide et forcément efféminé (puisqu'il aime lui aussi les fringues...), et une cleptomane retorse, aussi calculatrice qu'inconsciente, l'histoire de cet apprenti gang ne passionne guère, se réduisant par moment à une vaine succession de cambriolages, sortes de séances de shopping privé. Construit en flash-back à partir de quelques moments de confessions qui ne laissent guère présager d'une autre issue que l'arrestation du petit groupe, le scénario traite cependant des différentes étapes qui les mènera là. Volontairement, si le passage au niveau supérieur est traité comme un amusement, c'est bien que l'inconscience de l'acte et que l'argent facile et le désir irrépressible d'être à proximité de ses idoles, est plus fort que toute raison.
Il faut dire que les ados du film utilisent aussi des moyens très simples pour choisir leurs proies : en repérant sous Google Maps les maisons de stars connues, ils profitent de leur absence annoncée par tabloïds interposés, pour s’immiscer chez eux sans effraction, et emporter quelques souvenirs. En faisant durer les moments dans les maisons, Sofia Coppola ("Lost in Translation", "Somewhere") arrive finalement à créer une certaine tension, le spectateur sensé restant incrédule devant la facilité de l'acte et le pas pris par l'admiration sur l'efficacité supposée d'un cambriolage.
Reste que même si son propos est clair, la réalisatrice use et abuse de ralentis festifs inutiles, en boîte de nuit, ou dans la rue. Car lorsque ces jeunes filles dorées marchent, c'est comme si la vie n'était qu'un défilé de mode. Cependant la réalisatrice fait mouche avec quelques dialogues bien sentis, montrant une jeunesse sans complexes ni limites, qui ne semble faire aucun lien entre actes et responsabilité, ni aucune différence entre ses modèles et la réalité. Quand vient le moment de régler ses comptes, les individualités resurgissent donc logiquement, et Sofia Coppola nous régale alors en mettant en évidence, avec le regard cynique qu'on lui connaît, les faiblesses et hypocrisies de chacun, ainsi que l'absence de consistance des parents.
Alors oublions un instant les étalages indécents de colliers et vêtements de marques à la façon du mauvais "Sex and the City 2", oublions les personnages superficiels et finalement inintéressants comme les vrais ados du fait divers, et savourons une fin édifiante. Être parmi les stars, même en prison (voir les anecdotes liées à la fameuse Lindsay Lohan), est pour certains devenu aujourd'hui un objectif. Passer en jugement est une manière de devenir célèbre, et de s'assurer potentiellement un avenir. Si le film dénonce la capacité des médias à rentrer dans le jeu des ados accrocs à la célébrité, le seul problème, c'est que finalement cette célébrité tant souhaité, ce film leur l'offre sur un plateau. Sans pour autant les montrer sous un bon jour, me direz-vous...
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