Effroyable de bout en bout

Sélectionné Hors compétition au Festival du film policier de Beaune au printemps dernier, « The Beast » est un thriller des plus obscurs, vous tenant en haleine de bout en bout. Adapté du best-seller L'Homme du soir de Mo Hayder (2001), le scénario transpose l'action de la ville de Londres à celle d'Anvers (d'où le mélange de langue entre flamand et français) et se voit confié à Hans Herbots, réalisteur de la série télé danoise « The Spiral ». Tordu, rempli de culs-de-sac et de rebondissements surprenants, il donne naissance à un film noir à la fois moderne et angoissant, dont le dénouement fait froid dans le dos, et permet de le comparer sans difficulté à la série des « Millenium » ou au fameux « Bullhead ».

À la qualité des cadres s'ajoute un ensemble de gueules et d'acteurs habités, incarnant la souffrance morale comme le mal absolu et dessinant un portrait peu reluisant des fins fonds des Flandres. Créant l'inquiétude par l'instabilité perceptible de l'enquêteur lui-même, « The Beast » convoque la noirceur de l'âme humaine, les tourments de sexualités frustrées et déviantes, comme les séquelles traumatiques d'une agression. L'utilisation récurrente de la pénombre (les intérieurs, la forêt...) plonge le spectateur dans un monde de la marge, où la morale n'a plus sa place. Brillant autant pour sa mise en scène élégante et énergique, que pour les mythes convoqués (le troll), ce film sera parfait pour vous filer les frissons que la météo actuelle n'est pas prête de vous apporter.