affiche film

© ARP Sélection

TESNOTA – UNE VIE À L’ÉTROIT

(Tesnota)


un film de Kantemir Balagov

avec : Darya Zhovner, Veniamin Kats, Olga Dragunova


Dans le Caucase du Nord, un jeune juif et sa fiancĂ©e sont kidnappĂ©s. Toute sa famille va alors s’organiser pour payer la rançon rĂ©clamĂ©e, ce qui laissera des traces indĂ©lĂ©biles et brisera Ă  jamais l’équilibre de cette communauté 


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Photo film

Un drame intimiste soigné mais trop abstrait

Pour son premier passage derriĂšre la camĂ©ra, Kantemir Balagov a dĂ©cidĂ© de s’intĂ©resser Ă  un fait divers s’étant dĂ©roulĂ© dans sa ville natale. Nous sommes Ă  la fin des annĂ©es 90 dans une petite bourgade du Nord Caucase ; deux jeunes fiancĂ©s juifs se font kidnapper. Mais au lieu de se focaliser sur le rapt en lui-mĂȘme, le cinĂ©aste prĂ©fĂšre pointer son objectif sur les consĂ©quences pour la famille, sur l’adversitĂ© Ă  rĂ©colter une somme exorbitante probablement gonflĂ©e par des prĂ©jugĂ©s antisĂ©mites. Car le sujet du film est bien là : traiter par le prisme de l’intime les rapports communautaires dans cette rĂ©gion de la Russie, en particulier entre les populations juives et kabardes.

Autopsie d’une cellule domestique en crise, le mĂ©trage dĂ©veloppe avec maestria la psychologie de ses protagonistes, les interactions ambiguĂ«s et ambivalentes d’ĂȘtres Ă  la dĂ©rive. Sans jamais grossir le trait ou recourir Ă  des artifices larmoyants, la camĂ©ra sublime la dĂ©tresse de la jeune sƓur, dessinant en trĂšs peu de scĂšnes tout son mal-ĂȘtre, elle qui dĂ©fie ses parents en sortant avec un jeune kabarde et dont le dialogue avec sa mĂšre semble dĂ©finitivement rompu. Pour autant, le metteur en scĂšne ne condamne pas l’attitude des parents, capturant dans toute sa complexitĂ© cette histoire d’amour familial sans jamais y insuffler le moindre moralisme.

Malheureusement, si le nĂ©o-rĂ©alisateur s’impose immĂ©diatement comme un fin portraitiste, sa trame narrative souffre, elle, d’une absence totale de contextualisation. Difficile ainsi de saisir tous les enjeux du film pour quiconque ne maĂźtrise pas parfaitement la rĂ©alitĂ© politique du rĂ©cit. À titre d’exemple, cette vidĂ©o de dĂ©capitation en TchĂ©tchĂ©nie s’avĂšre plus ĂȘtre une dĂ©monstration de violence gratuite qu’un vĂ©ritable outil de comprĂ©hension de la situation. DĂšs lors, toutes les actions des personnages perdent de leur symbolique au fur et Ă  mesure que ce drame Ă©lĂ©gant s’enfonce dans des ramifications obscures. Pire, ne sachant pas comment conclure toutes les pistes suggĂ©rĂ©es, Kantemir Balagov multiplie les fins potentielles, nous laissant sur une fausse note dommageable


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