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C’est dans la radieuse journée du 26 avril 1986 qu’un couple d’ukrainiens décide de se marier. Ils vivent à Pripiat, à quelques kilomètres de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Tout se passe pour le mieux en cette belle journée jusqu’à ce que Piotr, le jeune époux d’Anya, ne doive interrompre la célébration. Pompier volontaire, il est appelé à éteindre un feu mais très vite, la rumeur court qu’un accident s’est produit à la centrale…
Nombreux ont été les documentaires détaillant les événements désormais tristement célèbres de la catastrophe de Tchernobyl mais quasiment aucun réalisateur n’avait cependant choisi jusqu’à présent de raconter ce qu’il s’était passé à travers une fiction. Alors que l'on commémorait, il y a moins d’un an, les vingt-cinq ans de l’accident nucléaire et le premier anniversaire du drame de Fukushima il y a quelques jours, Michale Boganim pallie à ce vide, malgré les pressions de la part de certains politiques ukrainiens, en sortant « La Terre outragée ». Avec ce film, elle nous fait faire voyage dans le temps, à l’époque où Pripiat était une ville modèle et où ce 26 avril 1986 l’aura vidé de ses habitant pour finalement la transformer en site touristique de l’extrême.
Une vive galopade de cerfs indique qu’en ce jour, le peuple de la forêt qui borde Tchernobyl avait senti la catastrophe bien avant les humains. Dans la ville, on y célèbre le mariage d’un jeune couple, un père et son fils plantent un pommier et le garde forestier fait sa ronde quotidienne dans la généreuse nature des alentours. « La Terre outragée » rappelle qu’avant de devenir une ville fantôme, Pripiat regorgeait de vie. Puis la catastrophe survient. D’abord cachée par les autorités, elle ne sera révélée que trois jours plus tard et des milliers de familles seront contraintes d'abandonner leur terre. Michale Boganim a le mérite d’aborder le sujet depuis le point de vue des habitants de cette ville. La gaieté spontanée se transforme peu à peu en peur, puis en incompréhension pour finir avec de la colère. On ne connaît bien souvent Tchernobyl que par les quelques documentaires qui ont relaté l’événement et mis à jour le sacrifice des liquidateurs mais très peu se sont intéressés au exilés des environs.
Mais cette « Terre Outragée » narre surtout le bonheur d’une jeune femme que l’accident de Tchernobyl a ruiné. Dix années plus tard, Michale Boganim nous emmène dans un car de touristes venus braver les dangers des radiations avec pour guide, Anya, les traits marqués, espérant refaire sa vie avec un français qui pourra l’emmener loin de cette terre désertée. En même temps, la réalisatrice évoque l’attachement à ce sol inhabitable via le personnage de Nikolai continuant à cultiver son jardin devenu empoisonné ou bien en montrant les réfugiés qui cherchent à squatter des maisons vides que les propriétaires se refusent de laisser à autrui. La magnifique Olga Kurylenko, plutôt habituée dernièrement aux films d’actions, offre une interprétation touchante de cette femme au destin brisé par la catastrophe qui lui a laissé en héritage une maladie qui la ronge lentement. Beaucoup de thèmes sont abordés de manière souvent délicate ce qui n’empêche malheureusement pas le film d’avoir quelques baisses de rythme ci et là. Il reste néanmoins une belle tentative et surtout un intéressant hommage pour les victimes du désastre.
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