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C’est l’histoire d’une bande de jeunes anarchistes qui en ont marre du conformisme ambiant. Armés de caméscopes, ils vont alors refaire le monde à travers leur propre chaîne de télévision, « Télé Gaucho ». Mais bien plus qu’un simple passe-temps, cette entreprise devient le pan principal de leur existence...
Après nous avoir offert le pétillant « Le nom des gens », Michel Leclerc poursuit son périple cinématographique par une nouvelle étape politique. Si Sara Forestier est de retour, ce n’est plus pour essayer de convertir ses amants à l’idéologie gauchiste, mais pour faire partie d’une bande de joyeux anars qui rêvent de changer le monde. S’inspirant de sa propre expérience, le metteur en scène a confié le rôle principal à Félix Moati, l’un des rescapés de « LOL », qui se voit interpréter un double du réalisateur, à savoir un jeune provincial qui débarque à Paris, des rêves plein la tête et une caméra à la main. Autour de lui, on trouve une panoplie de personnages hauts en couleur, tous plus déjantés les que les autres, mais rassemblés par un même sentiment de révolte.
À l’image des revendications de ses protagonistes, Michel Leclerc a refusé toute forme de conformisme, donnant à son projet une structure bancale complètement assumée. S’il s’amuse à filmer un sympathique bordel, son film prend également des allures de métrage foutraque, se déroulant pratiquement en roue-libre, ce qui risque d'en désabuser certains. En effet, cette absence de cohérence dans le récit finit par déranger, nous donnant l’impression d’assister à une succession de saynètes, certes cocasses, mais jamais à une véritable histoire. Néanmoins, en confinant la politique en arrière-plan, le réalisateur a le champ libre pour filmer les interactions entre ses personnages sans tomber dans l’idéologie partisane. Le cœur du sujet est alors cette bande de doux rêveurs, à la naïveté réjouissante, qui va se déchirer entre la passion, les rires, l’amour et la colère. Les situations loufoques s’enchaînent ainsi avec une singularité indéniable, malgré une légère prévisibilité.
Mais plus que la critique d’un système et des télés poubelles, le parcours de ces jeunes (et moins jeunes) est le moyen d'évoquer les aspirations d’individus qui rêvent de s’émanciper des contraintes de la société, d’avancer à contre-courant dans ce monde capitaliste. Entre utopie et dure réalité, le cinéaste nous interroge sur la nécessité de croire en nos idéaux, de poursuivre nos rêves et sur la difficulté de ne pas les trahir. Dans une ambiance klapischienne, Michel Leclerc nous invite à la découverte d’un monde à part, en dehors du temps, et nous dresse le portrait de personnages sensibles, instables, mais habités par une flamme de justice absolue. Il est ainsi difficile de rester insensible face à cette douce folie, d’autant plus lorsque celle-ci nous est présentée avec tant de générosité. Si l’humour ravageur du « Nom des gens » n’est pas atteint, « Télé Gaucho » nous offre une parenthèse sympathique, et sur grand écran en plus !
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