© Rezo Films
Un entrepreneur exténué. Cinq chauffeurs de taxis. De nombreux passagers. Sofia. Des petits bouts d’existence. L’histoire d’une ville et d’un pays…
Présenté dans la Section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2017, "Taxi Sofia" démarre sur les chapeaux de roues. Un petit entrepreneur (qui travaille aussi comme chauffeur de taxi) se rend chez son banquier pour obtenir un prêt. L’homme d’affaires lui explique alors que le pot de vin qu’il devra lui transmettre a doublé. Désemparé et exténué, le commerçant tue son interlocuteur avant de se suicider. La nuit s’abat alors sur la ville. La radio ne cesse de revenir sur le drame. La caméra s’attarde sur cinq taxis sillonnant les rues de Sofia, cinq témoins de la misère sociale et de l’épuisement de la population. Libre adaptation d’une nouvelle de Tchekhov, « Tristesse », le film est surtout un assemblage de destins archétypaux, miroirs des dérives et de la corruption qui pourrissent la société bulgare.
Road-movie choral, le métrage nous offre un panorama de pans d’existences en plans-séquences, chacun incarnant l’un des maux que cherche à décrier le cinéaste. Les trajectoires et les parcours s’entremêlent, le passé et le présent s’entrechoquent, avec toujours la même mélodie en fond, celle d’entretiens radiophoniques revenant sur les raisons qui ont pu pousser un père de famille aimant à commettre un crime avant de mettre fin à ses jours. Si le résultat est intéressant, le procédé tourne vite en rond, les limites de ce choix narratif empêchant "Taxi Sofia" de prendre son envol au-delà de son humanité touchante. Pamphlet véhément, le film ne puise pas suffisamment sa force dans tout ce que peut offrir la grammaire cinématographique. Mais il a le mérite de pointer du doigt une réalité qu’on ne peut plus ignorer.
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