© EuropaCorp Distribution
L’ex-agent spécial Bryan Mills voit son retour à une vie tranquille bouleversé lorsqu’il est accusé à tort du meurtre de son ex-femme, chez lui, à Los Angeles. En fuite et traqué par l’inspecteur Dotzler, Mills va devoir employer ses compétences particulières une dernière fois pour trouver le véritable coupable, prouver son innocence et protéger la seule personne qui compte désormais pour lui : sa fille...
Cela ne leur avait donc pas suffi. Le triomphe planétaire d’un "Taken 2" pourtant regrettable à tous les degrés de fabrication n’a visiblement pas ralenti l’ardeur de cette terrifiante association entre Luc Besson et Olivier Megaton. D’un côté, un scénariste rédigeant des scripts improbables avec une démarche de gamin stakhanoviste, et de l’autre, un ancien artiste peintre-graffeur devenu tâcheron quelconque des usines EuropaCorp, et dont les premiers et audacieux pas de cinéaste (le fascinant "Exit", déjà parrainé par Besson, et "La sirène rouge", adaptation réussie de Maurice Dantec) ne sont désormais plus qu’un lointain souvenir. Pour tout spectateur ayant eu du mal à supporter le succès démesuré d’une telle démarche de nivellement par le bas du cinéma de genre, se rendre à la projection de "Taken 3" équivalait a priori donc à traîner un nouveau boulet aux pieds, conscient de patauger à nouveau dans les égouts de l’actionner hexagonal. Sauf que non : contre toute attente, ce troisième épisode crée la surprise, aussi relative soit-elle.
Revoilà donc Liam Neeson en ex-agent secret de nouveau confronté à un terrible problème (le meurtre de son ex-femme), pour lequel il va se retrouver traqué à la fois par la police et par d’énigmatiques truands russes, avec toujours sa fille (Maggie Grace) dans les parages pour incarner le stéréotype féminin plongé dans la galère. Tout pareil qu’avant, donc ? Pas sûr… La bonne surprise vient bel et bien du scénario : Besson et son comparse Robert Mark Kamen ont concocté une intrigue à la fois dynamique et surprenante, qui ne révèle ses informations qu’au compte-gouttes, qui joue habilement avec nos attentes vis-à-vis de la formule gagnante qui constitue désormais la patte "Taken", qui relance souvent la perspective de ses enjeux au travers de quelques twists bien amenés, et qui, surtout, réussit à tenir en haleine pendant 1h45. Certes, les deux hommes n’ont pas pu s’empêcher de glisser une ou deux énormités (le « GPS-grenade » du deuxième épisode laisse ici la place à une résolution d’intrigue à l’aide d’un… bagel !), mais globalement, la cohérence est de rigueur autant que l’imprévu, signe d’une vraie volonté de redynamiser la saga et de lui faire prendre une nouvelle voie.
Mais si le scénario impose « Tak3n » de loin comme le meilleur des trois films, la mise en scène de Megaton, elle, continue de jouer les parasites. Faisant gesticuler sa caméra comme s’il avait un scorpion au fond du caleçon, enchaînant les cuts et les coups d’obturateurs au fil d’un montage sous taurine, sacrifiant toute forme de lisibilité sur l’autel d’un découpage surspeedé ne servant qu’à générer une mauvaise illusion de rythme, Megaton s’incarne pour de bon en tâcheron frénétique, construisant son montage comme un gamin construirait un Lego Technic sans lire la notice, et ne voyant dans chaque composante technique d’un long-métrage qu’un ensemble d’outils servant à aller plus vite que la pensée du spectateur. Avec une mise en scène moins analphabète et beaucoup plus posée, "Taken 3" aurait pu s’imposer comme le (petit) renouveau d’une franchise tout sauf audacieuse, surtout formatée pour décongeler les codes éculés du vigilante. En l’état, on fera preuve d’indulgence, le résultat tenant suffisamment la route pour se déguster comme un petit actionner du samedi soir, ce qui n’est déjà pas si mal.
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