©Pathé Distribution
Sophie Malaterre, une jeune canadienne, décide pour les vacances d’échanger son appartement avec une inconnue par l’intermédiaire du site Switch.com. Arrivée à Paris, tout se passe bien jusqu’à ce que dès le deuxième jour, la police débarque chez elle et découvre un cadavre décapité dans l’une des chambres. Les vacances virent dès lors au cauchemar pour Sophie.
Si le cinéma de genre français s’essaye avec pertes et fracas à percer dans le genre fantastique, le polar, lui est de retour en force depuis quelques temps, que ce soit au cinéma (voir « La Proie » et surtout « A Bout Portant ») ou à la télé (la série « Braquo »). Logique quelque part, lorsque l’on connaît notre héritage culturel lié à ce genre. Le polar a toujours été NOTRE force dans le cinéma de genre. Depuis maintenant plusieurs années il faut compter sur Frédéric Schoendoerffer, qui, à l’image de son père avec (entre autre) les films de « guerres françaises » tel « La 317ème section » ou « La légion saute sur Kolwezi », a réussi à s’imposer comme l’un des piliers du genre qu’il affectionne. Plus qu’un « fils de », Schoendoerffer est, grâce à « Scènes de Crime », « Agents secrets », quelques épisodes de « Braquo » un réalisateur possédant une véritable identité artistique et cinématographique. A défaut de faire des scores fracassants au Box Office (mais est-ce encore possible face aux machines américaines ? ceci est un autre débat), ses films ont le mérite d’être « vrais », proches de son public et des personnages qu’ils dépeignent. « Switch » s’inscrit parfaitement dans cette logique, dans cette continuité.
Co-écrit avec le romancier Jean-Christophe Grangé, à qui l’on doit déjà « Les rivières pourpres », « L’empire des loups » et « Le concile de Pierre », et qui fut déçu des adaptations des œuvres précitées (soyons honnêtes, le 1er est une supercherie et les deux autres sont de mauvais films…pour 3 bons livres), « Switch » pioche dans des thèmes récurrents proches de ses deux créateurs. Grangé y apporte sa pate fantastique, scientifique et Schoendoerffer son réalisme à toute épreuve, une très grande humanité dans ses personnages et un respect pour le corps policier, qui fait plaisir à voir dans un paysage cinématographique qui fait passer régulièrement les forces de l’ordre pour des abrutis finis (« La proie » ou toutes les « bessoneries » d’Europa Corp.). Le film tire donc de cette collaboration des avantages (le personnage joué par Cantona y est excellent, sorte de mélange entre le Niemense des « Rivières Pourpres » emprunt d’une grande humanité) et de gros défauts. Il suffit de connaître un tant soit peu l’œuvre de Grangé pour découvrir l’intrigue avant les policiers.
Piégée dans un pays étranger, sans personne pour l’aider, la jeune Sophie Malaterre (Karine Vanasse) va devoir se débrouiller elle-même si elle veut réussir à prouver son innocence dans cette sordide et étrange affaire de meurtre. Alors que l’histoire commence de façon simplette (la 1ère scène ressemble véritablement à une pub pour un site internet), tout se met en place pour que la jeune et (très) jolie québécoise devienne petit à petit une sorte d’héroïne « Cameronienne », une Jason Bourne au féminin laissant parler son instinct de survie. Face à elle, un monstre de charisme et d’humanité, l’inspecteur Forgeat (Eric « The King » Cantona), flic qui ne croit pas que les choses soient aussi simples qu’elles se présentent. Elégant, efficace, humain, Forgeat met tout en œuvre pour retrouver Sophie mais également découvrir ce qui se cache derrière les apparences, ce qui peut pousser une jeune fille comme elle a passé à l’action.
Le casting épouse parfaitement les personnages et l’histoire, que ce soit le King ou les autres policiers tel Mehdi Nebbou, l’adjoint de Forgeat ou Aurélien Recoing. C’est l’une des forces des films de Schoendoerffer. Pour que son histoire soit réaliste, il faut avant tout que ses personnages soient justes, crédibles et attachants. Attachants à l’image de Sophie, interprétée par la jeune Karine Vanasse, dont c’est à la fois le 1er film en France et le 1er Thriller. Défis parfaitement réussis pour cette amie et collaboratrice de Denis Villeneuve (« Incendie(s) »).
Oui, certaines scènes peuvent faire sourire par leur manque de logique (la scène avec la mère de l’héroïne en est le parfait exemple et n’est pas forcement utile) ou de crédibilité (kidnappée, Sophie réussit malgré tout à grader son téléphone portable) mais c’est du cinéma, ne l’oublions pas ! A ce titre, la forme est parfaitement maitrisée et l’incroyable poursuite centrale, qui lorgne du côté du « Point Break » de Bigelow et du diptyque Bournien de Paul Greengrass (deux références avouées par Schoendoerffer) n’a vraiment pas à avoir honte de ses homologues d’outre-atlantique…et puis Canto n’est vraiment pas du genre à tirer en l’air en criant !
Pas définitif (la faute à une production trop courte ?), pas inoubliable non plus, « Switch » est avant tout un bon moment de cinoche, un film du samedi soir (ou de la grande époque de « cinédimanche », au choix), qui a pour intérêt et réussite de fournir un instant de plaisir et de décontraction immédiat…et il ne faut pas oublier qu’avant tout, le cinéma, c’est ça !
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