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La fin de l'école approche pour Robbie Hendrick, jeune garçon de 14 ans. Mais sa mère a de nouveau quitté le nid familial et il va devoir s'occuper seul de sa grand-mère et de son plus jeune demi-frère, Fess. Un jour, son grand frère est de retour et Robbie est heureux de voir sa famille se reformer un peu... Malheureusement, le grand frère est revenu avec ses casseroles au pied...
Présenté en compétition au Festival du film américain de Deauville 2011, « The Dynamiter » de Matthew Gordon (renommé « Summertime » pour sa sortie française) explore les liens familiaux dans un coin paumé du Mississippi avec des hauts et surtout des bas, avec des rêves et surtout des désillusions. Si les films de famille sont un genre à part entière au cinéma, le réalisateur le dépeint ici avec un réalisme et une justesse de ton qui lui permet d’éviter tout misérabilisme.
Récompensé à Deauville du Prix du Jury, ce joli film indépendant traite donc d’un sujet sensible, difficile, qui met Robbie, un gamin qui fait son possible pour survivre et ne jamais abandonner, aux prises avec la disparition du père, l’abandon de sa mère et l’absence de son grand frère. À 14 ans, c’est le seul qui puisse s’occuper de son benjamin et de sa grand-mère. Un jour son grand frère réapparaît et Robbie reprend espoir. Pourra-t-il revoir son modèle de famille reconstitué ? Rien n’est moins sûr…
C’est donc le réalisme, avec lequel Matthew Gordon filme « Summertime », qui donne à son œuvre tout son brio. Réalité du script, réalité de l’interprétation, réalité du climat social, Gordon empoigne le chemin tracé depuis quelques années par le ciné indé US qui met à mal le fameux rêve américain. Nous ne devrions d’ailleurs plus employer le terme de « rêve » mais plutôt celui de « souvenir », tant il appartient désormais au passé.
La petite contrée de l’État du Mississippi n’a ainsi pas été choisie par hasard avec son été chaud, ses ambiances moites, ses petites stations-service, ses campagnes désertes, sa crasse apparente. Tout est poisseux dans le film de Gordon. Même son jeune héros qui transpire de tout son corps dans son combat quotidien pour faire respecter le nom de sa famille et sa dignité. C’est l’inconnu William Ruffin qui endosse le rôle du jeune Robbie. Ce dernier électrise littéralement le film avec sa jeunesse apparente et sa maturité désarmante. Les beaux plans de Gordon et les objectifs à grandes focales donnent toute la dimension confuse du rôle du jeune garçon qui doit se faire une place dans cette société d’adultes.
« Summertime » est un premier film désenchanté sur la responsabilité, qui pose des questions sur la notion de famille et notre place dans un clan. Du long-métrage (1 h 17 bien employée) se dégage une douleur, celle des enfants abandonnés, mais aussi un espoir, celui d’un avenir meilleur. Il se dégage surtout une émotion qui ne vous lâche plus quand vous suivez le parcours de Robbie qui dynamite l’écran.
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