affiche film

© Météore Films

SUITE ARMORICAINE


un film de Pascale Breton

avec : Valérie Dreville, Kaou Langoët, Elina Löwensohn, Manon Evenat, Laurent Sauvage, Catherine Riaux, Peter Bonke, Yvon Raude, Jean-Marie Le Scraigne…

Après avoir vécu pendant plusieurs années à Paris, Françoise, professeur en histoire de l’art, revient à Rennes pour y enseigner durant une année universitaire. Dans sa classe d’étudiants se trouve un certain Ion, qui subit le retour envahissant de sa mère clocharde Moon. Tous ces personnages sont liés par quelque chose, et pas seulement par le décor breton…


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Photo film

Thésards en histoire de l’art, réjouissez-vous !

On avait toutes les raisons d’aimer (ou de vouloir aimer) un tel film : le thème bienveillant du retour aux sources, la décentralisation du cinoche parisien vers un territoire plutôt inédit (en l’occurrence une Bretagne débarrassée de ses particularismes, à part la langue), une actrice trop rare que l’on aimerait retrouver davantage (Valérie Dreville) et une bande-annonce touchante laissant planer l’ombre d’un beau film choral. Et voilà qu’à l’arrivée, c’est tout l’inverse que l’on récolte. On peut certes discerner a posteriori ce qui a pu intéresser Pascale Breton là-dedans : plusieurs personnages qui se confrontent à leur passé (l’accepter ou le rejeter, telle est la question), au fil d’un récit choral qui tisse une myriade de connexions et de croisements entre eux, le tout dans un décor de campus universitaire prompt à favoriser la percée de l’intime. Mais hélas, la réalisatrice est tombée dans le même piège qu’Arnaud Desplechin, flattant moins notre sensibilité que notre intellect, voire même un intellect qui n’est pas forcément le nôtre.

Passerait-on pour un cynique en osant qualifier "Suite armoricaine" de « film bobo », avant tout réservé à des thésards en histoire de l’art pour qui entendre de longues argumentations théoriques (et lourdement littéraires) sur la peinture ou la photographie serait gage de relief ? On prend volontiers le risque, surtout au vu d’une mise en scène et d’un scénario qui s’en remettent prioritairement au verbe sans jamais privilégier l’image et le découpage. Que la réalisatrice décide de diviser son film en chapitres bretons (d’où le titre de son film ?) ou qu’elle tisse des liens entre la vie sans repères de ses personnages et leurs travaux d’études respectifs (il est ici toujours question de « déchiffrer » quelque chose…), on se sent toujours exclu du processus narratif, placé à distance d’une intrigue pourtant riche de promesses sur l’éveil au monde. On se perd même dans une répétition de scènes sous des points de vue différents, lesquels n’apportent ici rien de spécial à l’intrigue. Alors, oui, les comédiens sont assez prodigieux et les décors bretons d’une grande beauté, mais pour un colloque cinématographique, il manque un ingrédient capital : l’interactivité.

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