© Warner Bros. France
Une jeune fille, voulant protéger sa sœur d'un père violent et dominateur, tue accidentellement sa sœur. Le père en profite alors pour la faire enfermer dans un hôpital psychiatrique, et dealer avec l'un des gardiens pour quelle se fasse lobotomiser...
Le nouveau film de Zach Snyder démarre sur les chapeaux de roues, avec un long prologue pourtant filmé au ralenti, sur fond de « Sweet dreams » d'Eurythmics redigéré à la sauce rock. On y voit une jeune fille volontaire risquer sa vie pour sauver sa sœur d'un viol annoncé et sortir de la chambre où elle est enfermée, par la fenêtre, sous une pluie battante, pour tenter d'abattre le bourreau à coup de revolver. Ceci avant malheureusement de toucher mortellement sa sœur. Le réalisateur de « 300 », « L'armée des morts », « Ga´Hoole, la légende des gardiens » nous entraîne alors sa coupable héroïne dans les dédales d'un hôpital psychiatrique, potentiel cerveau d'une fille coupable, qui perçoit tout homme comme un être immonde et un danger.
Nous voici donc dans un univers poisseux, réalité ou rêve de cette jeune fille qui n'a pas été capable d'être justement une héroïne en sauvant sa sœur, et qui va tâcher ou s'imaginer l'être, au nom de toute une gente féminine, menacée par les hommes, mais qui sait transformer le seul atout qui intéresse ceux-ci (leur sex-appeal) en une arme redoutable. Avec en ligne de mire l'arrivée du médecin qui pratique les lobotomies, le compte à rebours est enclenché. Et Snyder peut nous faire descendre dans un troisième niveau de réalité, un cabaret maison close, dirigée par un maquereau colérique où elle pourra entraîner dans son trip d'évasion, quatre autres « prisonnières ». Finalement, de ces trois niveaux, auxquels Zach Snyder en ajoute un quatrième, purement onirique, on passera un bon moment du film, à ce demander lequel constitue la réalité.
Bien plus complexe au niveau scénaristique que « 300 », « Sucker punch » est un film féministe à mitraillette, dans lequel une bande de fillettes en jupettes ultra-sexy dégomme à tout bringue dans un monde imaginaire où elles ont soudain force et poids, puisque chargées d'une mission, face à d'étranges créatures, à des nazis, etc. Dans « 300 » il s'agissait de combattre des ennemis de plus en plus puissants, ici il faut trouver cinq items pour pouvoir s'en sortir, échapper au danger et passer au niveau suivant. « Sucker punch » est donc lui aussi construit a la manière d'un jeu vidéo. Ou comment transformer la réalité en un jeu permanent, se créer ses enjeux, en rendant finalement l'horreur quotidienne plus acceptable.
La réussite du film tient moins dans cette histoire multiple aux ficelles finalement bien plus simplistes que l'on aurait pu l'espérer, que dans la puissance visuelle du film, qui vous scotche de bout en bout. A chaque fois que l’héroïne, dans son bordel, se met à danser, ce que Snyder a la bonne idée de ne pas montrer à l'écran créant une amusante frustration chez le spectateur, considéré comme les personnages masculins du film, comme un voyeur potentiel, on bascule dans un univers visuel différent, couleur sépia, fait d'un mystérieux couvent asiatique, de tranchées évoquant une guerre mondiale, d'une base spatiale... tous constituant des sortes de tableaux surréalistes aussi surprenants que les incroyables mouvements de caméra inventés par un réalisateur qui s'amuse finalement de tout (voir le plan, où la caméra englobe le dirigeable, tout bonnement époustouflant !).
Et le travail sur l'image envahit littéralement le métrage, le réalisateur s'attachant à enlaidir le plus possible chacune des gueules masculines qui représentent un obstacle pour les jeunes femmes : le cuisinier, le maire... Au final on regrettera juste quelques choix de casting, et notamment le manque de charisme de l'actrice principale, Emily Browning, dont le personnage est certes traumatisé, mais aurait mérité plus d'expressivité. Heureusement, au milieu de la bande des cinq, on trouve une pépite, Jena Malone (« The messenger », « Into the wild »), dont la frimousse illumine l'écran, par son mélange de douceur et d'espièglerie. Elle est l'une des multiples raisons pour lesquelles « Sucker punch » mérite un visionnement de détail, le film s'avérant des plus foisonnants.
CONTRE : Niveau 0 - Sucker Punch out !
Pas facile de résumer un film quand il n’y a pas d’histoire, juste un concept sorti de la tête de son auteur et handicapé par une incapacité à rendre un ensemble cohérent et pour le coup intéressant.
Zack Snyder, réalisateur qui divise beaucoup de monde, est quand même l’homme derrière « 300 » et « Watchmen » soit deux adaptations quasi parfaites du média comics dans sa transposition sur un écran de cinéma, signe ici son premier scénario…et son premier échec. « Sucker Punch » est truffé de supers idées mais pêche par son manque d’accessibilité, qu’un scénario plus lisible aurait facilité. Film de fanboy pour les fanboys dont le script devait ressembler à un manuel de jeux vidéo, mais comme tout le monde le sait, un bon gamer qui se respecte ne touche jamais au manuel !
Des films prétextes à toutes les folies, les fantasmes de leurs réalisateurs, il y en a déjà eu par le passé. Souvent des plaisirs coupables pour leur créateur et leurs spectateurs, on pense principalement à « Bad Boys 2 » de Michael Bay, qui avant de partir filmer des robots, avait réussi le pari de littéralement faire son film de gosse, et d’inventer, ce qu’un grand critique dira « le 1er film fait de bandes annonces et de scènes coupées ». « Sucker Punch » est exactement cela, sauf qu’ici tout tombe à plat.
Le comble pour Snyder est qu’aucune émotion ne sort du métrage. Lui qui a su nous tirer la larmichette avec la mort de Leonidas et de ses hommes, n’arrive à rien ici. Un personnage meurt et il est difficile d’y porter de l’intérêt. Une mauvaise interprétation, une héroïne aussi charismatique que mes dernières chaussettes, des actrices incapables de se battre (on est très loin des 300 en slips et en boucliers)… voilà tout ce qui compose l’équipe d’apprenties Ripley ! C’est le clivage énorme entre les scènes d’action fantasmées par tout fanboy et le reste qui est le plus gênant (et peut être le plus voulu). En fait, « Sucker Punch » est monté comme un porno : 4 grandes scènes intéressantes entourées de vide. C’est à peu prêt tout.
Attention, le film n’est pas pour autant dénué d’intérêt. Baby Doll fuit la « réalité » en s’imaginant être dans un cabaret / bordel au lieu d’une institution psychiatrique. Afin de s’échapper elle et ses nouvelles amies devront collecter des items. Baby Doll effectuera une numéro de danse afin de distraire tout le monde pendant que les autres voleront les objets. C’est dans son imagination débordante (et anachronique) que Baby Doll trouvera le véritable moyen de s’extraire de cette réalité, Snyder nous plongeant dans une strate onirique encore plus profonde chaque fois que Baby Doll est censée danser.
Même s'il est vrai que les strates de l’imaginaire de Baby Doll sont assez mal amenées (on pense immédiatement à « Total Recall » mais au final, on n’est sûr de rien), leur contenu visuel reste plus qu’intéressant. Il suffit de faire la check-list de ce que Baby Doll et ses jolies copines vont devoir affronter : un dragon, des samouraïs géants, des nazis zombis… le tout armées de katanas, d’armes automatiques et habillées ultra sexys. Déployant toute une imagerie inspirée par les comics et le jeu vidéo, et livrant des scènes épiques, il n’y a pas à dire, le postulat est ultra bandant, mais le résultat tient plus d’une impuissance, au sens propre comme au figuré, à faire monter la sauce. De bons ingrédients ne feront jamais un bon plat si la recette n’est pas bonne et ce, malgré tout le cœur que l’on peut mettre à l’ouvrage ! C’est pareil pour le cinéma.
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