© Les Acacias
Au Kazakstan, un jeune étudiant sans le sous va recourir au meurtre pour obtenir un peu d'argent, pensant qu'il a tout à y gagner. Il va se rendre compte qu'il avait peut être également quelque chose à perdre...
« Le cinéma doit être un échappatoire et ne pas contenir les problèmes de la vrai vie. » C'est ce que va affirmer, dans une scène d'ouverture bien ironique et aux antipodes techniques par rapport au reste du film, Darezhan Omirbayev, jouant le rôle d'un réalisateur de pubs alors qu'il est interviewé par une jeune journaliste étudiante. Cette dernière trouve son futur projet, l'histoire d'un étudiant, beaucoup trop superficiel et éloignée des problèmes de société. Bien évidement, le film proposé par Omirbayev est à l'opposé des propos tenus par son avatar filmique qui souhaite proposer « un spectacle distrayant que le public veut voir », alors que lui nous impose un film épuré de tout superflu, que le public doit voir.
Adaptation modernisée de Crime et châtiment de Fiodor Dostoievski, "L'Étudiant" suit donc la vie d'un jeune étudiant kazakh, sans le sou, incapable de payer le loyer à sa logeuse, constamment entouré et submergé par le rapport à l'argent (il est témoin d'une agression d'un jeune et pauvre assistant réalisateur par les hommes de main de l'épouse d'un banquier, événement ayant entrainé l'annulation du tournage et donc l'annulation de son propre salaire). C'est lors d'un cours prônant le capitalisme et la course à la concurrence que l'idée du meurtre vient s'insérer, après qu'un élève ait demandé si le fait de tuer ses concurrents était acceptable, vu que les animaux le faisaient. C'est à cette question que le film va répondre (ou du moins tenter de répondre). Mais là où le roman de Dostoievski voyait son héros appauvri tuer une prêteuse sur gage, lui ayant pris le dernier vestige de sa famille (une montre), afin d'améliorer sa condition humaine, Omirbayev aborde la chose différemment. Le crime ne cherche à améliorer aucune condition (les deux personnes assassinées n'ont rien à se reprocher) et est prétexte à une dénonciation de la course à l'argent. "L'Étudiant" est une véritable croisade contre le capitalisme. Hanté par le remord, le héros ne trouvera sa rédemption qu'en acceptant son châtiment avant de tirer une conclusion sur la portée de ses faits et gestes.
La réalisation, plus que sobre (on pourrait ironiquement la comparer à celle d'un film d'étudiant), est volontairement en opposition avec la scène d'ouverture ironique (le tournage d'une pub pour un produit de luxe) possédant, elle, nombre d'artifices techniques visibles (un ventilateur, un rail de traveling...) non utilisés par la suite. Le cadrage est fixe pendant 90% du métrage, quelques panoramiques viennent réveiller le tout et l'on compte sur les doigts de la main les rares travellings. Le manque de dialogues accroît l'atmosphère pesante déjà établie par une photographie minimaliste. Le malaise certain du protagoniste est augmenté par l'utilisation du son (une musique sans fin lors d'une scène de repas, des aboiements de chien à n'en plus finir lorsqu'un policier vient livrer des fleurs à la même adresse que celle du héros juste après le double meurtre).
Malheureusement, le jeu tout en mollesse de l'acteur principal et la sobriété de la réalisation, peuvent perdre facilement le spectateur. À s'acharner sur la question du capitalisme, Omirbayev livre une adaptation personnelle mais possédant une portée réduite à partir d'une œuvre pourtant universelle. Dommage.
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