affiche film

© Sophie Dulac Distribution

SOY NERO


un film de Rafi Pitts

avec : Johnny Ortiz, Rory Cochrane, Khleo Thomas, Aml Ameen…

Nero a 19 ans et est d’origine mexicaine. Il a grandi à Los Angeles mais aujourd’hui il se retrouve coincé à la frontière mexicaine pendant que sa mère et son frère sont de l’autre côté. Coincé dans ce pays dont il ne connaît rien, il cherche désespérément à traverser la frontière...


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Photo film

POUR : Note +3 - Tu ne seras toujours qu’un étranger

Nero est un adolescent mexicain qui cherche à passer la frontière américaine pour retrouver le quartier de Los Angeles dans lequel il a passé son enfance et rejoindre sa mère et son frère, déjà sur place. Il a beau tenter d’expliquer qu’il a toujours vécu aux États-Unis, il est systématiquement renvoyé au Mexique. Un jour il parvient tout de même à passer sous le radar de la douane et se fait conduire en auto-stop par un américain pour le moins excentrique. Afin de pouvoir gagner la précieuse carte verte, il a pour ambition de s’engager dans l’armée car il a eu vent d’un programme de naturalisation des sans-papiers qui combattraient en Afghanistan sous les couleurs des USA.

Rafi Pitts dissémine beaucoup d’indices sur le dessein de Nero au cours des trois actes qui composent le film. Avec style, notamment un sens du cadre aigu, il parvient à capturer tout le racisme ordinaire de la société américaine envers les hispaniques. Rien que les plans se concentrant sur les tentatives de passage de Nero sont d’une évidente éloquence en plus d’être magnifiques. C’est avec un sens de l’absurde aiguisé et une ironie qui fait mouche que le réalisateur iranien dépeint la détermination de cet immigré rejeté par une nation de migrants.

L’uvre est certes démonstrative mais c’est pour mieux souligner les absurdités du système. Le jeune garçon qui se faisait reconduire aux frontières est à présent celui qui contrôle des frontières. Engagé dans l’armée américaine pour la précieuse green card via le programme au nom hautement cynique de Dream Act, l’histoire de Nero montre comment les États-Unis font miroiter l’American Dream lorsqu’ils ont besoin de chair à canon. Le film de Rafi Pitts est acerbe et enfonce probablement des portes ouvertes comme toute uvre sur l’immigration, mais il a le mérite de porter notre attention sur les green cards solders dont l’existence est passée sous silence, qui plus est en pleine période électorale.


CONTRE : Niveau -1 – un épuisant parcours d'immigré


Rafi Pitts, auteur iranien de "The Hunter" (Berlinale 2010), a présenté en compétition au Festival de Berlin 2016 son dernier film, dont l'action se situe entre Mexique, États Unis et Afghanistan. Le point de départ est simple, Nero, le personnage principal, affirme être né à Los Angeles et avoir été expulsé faute de papiers. Il tente donc de revenir sur le sol américain et compte bien faire valoir ses droits quitte à s'engager dans l'armée, seule manière d'être reconnu à nouveau comme citoyen américain.

Le scénario adopte donc une forme de parcours du combattant et réussit, dans une première partie tout au moins, à montrer l'absurdité d'une situation, plongeant le jeune immigré dans une logique d'exclusion sans fin. Cependant la récurrence des figures symboliques peu fines s'avère pesante, malgré de bonnes intentions visant à dénoncer le protectionnisme, le communautarisme, ou sur la méfiance des uns envers les autres.

Si l'acteur principal, Johnny Ortiz, ne démérite pas, l'image du passage de la frontière le soir du nouvel an avec feux d'artifices en fond (indécents ou synonymes de rêve), l'usage du revolver par un conducteur pour « établir une limite saine », la situation du frère et de sa femme dans une grande villa (en trafiquants ou servants ?), ou encore le discours sur la rage exprimé par un soldat, offre soit des discours trop explicites, soit des paraboles bien peu légères. Indigeste.

Olivier Bachelard

22-09-2016

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