© Blaq Out
À cause de son incapacité à avoir pu empêcher l’explosion d’une bombe dans un centre commercial, un agent de sécurité voit son travail remis en cause par les survivants de l’attentat. Dès lors, hanté par la présence des fantômes des victimes de l’attentat, il se retrouve contraint de traquer le terroriste au sein d’un monde parallèle…
Autant ne pas y aller par quatre chemins : découvrir "Soudain le 22 mai" après avoir subi ce sacré rollercoaster dégénéré qu’était "Ex Drummer" n’est assurément pas la meilleure manière d’appréhender le film. Non pas que le second film du réalisateur flamand Koen Mortier puisse être considéré comme une déception, mais il est clair que le spectateur averti, sans doute désireux de voir un cinéaste aussi frappadingue monter encore d’un cran dans le trash et la provocation, aura surtout la sensation d’avoir pris un ou deux comprimés de Lexomil en trop. En somme, si Mortier n’a clairement rien perdu de sa maîtrise formelle (c’est même un euphémisme), il a en revanche décidé de calmer un peu ses nerfs. Tout semblait pourtant propice à une nouvelle œuvre bien barrée : un terroriste fait péter une bombe dans un centre commercial, et un agent de sécurité se lance à sa poursuite dans une autre dimension pour essayer de changer le cours du temps. Un concept à la "Looper" qui, on s’en doutait, échappe à tous les codes du thriller de SF transdimensionnel grâce au regard atypique et aux partis pris toujours aussi couillus de son cinéaste.
Dominé par une posture contemplative à l’extrême et misant tout sur l’errance de son protagoniste, le film avance donc à la vitesse d’un escargot shooté à l’éther, au sein de décors sombres et désincarnés, avec par-ci par-là quelques vagues réflexions sur les sujets les moins joyeux possibles (la mort, le désespoir, la culpabilité, le pardon, etc…). Dans sa volonté de capter à nouveau le quotidien morne et profondément dépressif de nos voisins flamands, Koen Mortier se la joue cafardeux en étirant ses plans fixes jusqu’à ce qu’un certain malaise ne vienne alors contrebalancer notre lassitude. Face à un tel spleen, il y a deux types de réactions possibles : l’hypnose totale ou l’ennui abyssal. Pour le coup, c’est la deuxième qui prend l’avantage, la faute à un scénario qui finit très vite par tourner en rond et par plomber son audience par un trop-plein de néant. Seule la mise en scène de Mortier, toujours aussi bluffante en terme de photographie, de cadrages, d’audaces graphiques et d’inventivité visuelle, peut au final constituer une jolie bouée de sauvetage. À ce titre, le film s’achèvera sur l’une des plus belles utilisations du ralenti jamais vues sur un écran. Mais au bout du compte, on préfèrera attendre sa prochaine réalisation, histoire d’espérer y retrouver un peu de sa fureur d’antan.
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