Ad et Am sont deux frères ayant été abandonnés par leur mère alors qu’ils étaient enfants. Pour survivre dans les bas-fonds de Kuala Lumpur, ils deviennent, bien malgré eux, hommes de main d’un sordide trafic de nourrissons. Am, l’ainé, compte bien devenir lui même un Caïd, alors qu’Ad rêve d’une vie meilleure en participant à un concours de Hip Hop. La mort de son meilleur ami par overdose précipitera les choses et le poussera à se prendre en main.
À bien y regarder l’histoire de Ad et Am est des plus tragiques. Livrés à eux même dès leur plus jeune âge, les deux frères survivent en fournissant des bébés à des couples argentés pour le compte de truands de grandes envergures. Dans leur entourage, le meilleur ami de Ad succombe à une overdose dans un parking sordide et la petite sœur de celui-ci, violée à la sortie de l’enfance, s’apprête à accoucher d’un nouveau né, lui-même destiné à être vendu. Pourtant malgré un tel tableau, "Songlap" est loin d’être un film plombant.
Trame principale du récit, la déchéance des deux frères n’est pas pour autant prétexte à empathie. Au contraire, les deux réalisateurs préfèrent décrire le déclic qui conduit l’un des deux à s’en sortir, plutôt que de brosser l’inexorable descente aux enfers de ces gamins des rues. Le film n’a que peu de moyens techniquement, mais le rythme est soutenu, jonglant entre scène d’un réalisme cinglant et d’autres plus cyniques, voire assez drôle comme cette trépidante poursuite dans les rues de Kuala Lumpur où nos deux frangins sont poursuivis par un membre de la pègre qui dézingue tout sur son passage à grands coups de machette.
La narration, au premier abord dispersée entre tous les personnages, confond progressivement les destins de tous, pour conclure sur un dénouement assez inattendu. Les réalisateurs n’appuient pas le trait, au spectateur de comprendre petit à petit les liens qui unissent chacun. Cet équilibre, plutôt bien maîtrisé, entre ombre et lumière, apporte une réelle épaisseur au récit et fait de ce petit film malaisien un joli moment de cinéma. Un film qui trouverait très bien sa place dans nos salles, mais malheureusement rien n’est moins sur.
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