© Pathé Distribution
Johnny s'ennuie. Dans sa chambre d'hôtel du Château Marmont (Hollywood), il reçoit deux jumelles blondes, qui se lancent dans un striptease langoureux. Enthousiaste, Johnny regarde. Fatigué, Johnny s'endort peu à peu...
Dès les premières scènes de "Somewhere", nouveau film de Sofia Coppola ("Lost in translation", "Marie-Antoinette", "Virgin suicides"), l'ennui du personnage principal nous est renvoyé avec une telle frontalité, qu'on ne peut que prendre d'emblée une certaine distance. Sans poser aucune base quant à la nature même ou la personnalité de cet homme, cette scénariste douée pour relater le spleen, nous le montre tournant en rond avec sa voiture de course, s'endormant face à des jumelles blondes en séance de striptease privé, ou errant au volant, dans des quartiers friqués où les filles sont forcément jolies. Peinture d'une apparente superficialité et oisiveté, "Somewhere" révèle peu à peu les difficultés de Johnny, acteur interprété par Stephen Dorff, à se reconstruire un avenir après une séparation douloureuse avec sa femme.
Usant comme personne d'un humour pince-sans-rire, Sofia Coppola tisse en toile de fond une peinture d'un tout Hollywood baignant dans le luxe, où les acteurs sont volages et les gens qui gravitent autour, pas tous très clairs, ni naturels (voir le masseur remplaçant, ou l'assistante de l'agent toujours enthousiaste même dans les pires situations...). Chez elle, l'argent et le luxe ne sont donc pas synonymes d'équilibre, et c'est en Italie, lors d'un tournage où Johnny emmène sa fille, que l'esquisse d'un nouveau bonheur possible se fera jour, au travers de jolies scènes de complicité avec la jeune Elle Fanning (petite sœur de Dakota, vue dans « Sam, je suis Sam »).
Les scènes où le personnage principal, grand enfant maintenu en état d'ado permanent par tout le système qui l'entoure, renoue le contact avec l'adolescente qu'est sa fille, sont d'ailleurs les plus touchantes de cet inattendu lion d'or au Festival de Venise 2010. On touche alors à l'intime, avec plus de légèreté que dans le reste du film, la musique, toujours aussi importante chez la réalisatrice, traduisant à merveille les états psychologiques des personnages (de Kiss à Brian Ferry, de Sting à Gwen Stefany, en passant par « Che si fa » de Valeria Marini).
On peut cependant se dire qu'il n'y a certainement pas que pour les enfants de gens de cinéma, que l'absence des parents provoque une souffrance, même si Sofia semble livrer ici beaucoup d'elle même, dans son rapport avec son père, Francis. Il n'y a pas non plus que les parents qui travaillent dans le cinéma, qui regrettent de ne pas être là pour leurs enfants, et que l'aisance matérielle ne soulage pas. En cela le dernier film de Sofia Coppola est bien plus universel qu'il n'y paraît, laissant à ceux auxquels il parlera le plus, un espoir de retrouver du sens à une vie devenue morne à force d'absence.
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