© The Jokers / Le Pacte
Dave est un petit criminel à la manque opérant dans les quartiers Est de Londres. Deals et rackets font partie de son quotidien. Tariq, son meilleur pote, le tanne depuis des mois pour faire du blé avec lui. D'abord réticent, Dave l'implique dans un coup qui tourne mal. Tariq est porté disparu...
Premier long-métrage d'Andrew Hulme, chef monteur entre autre des excellents "Control" et "The Imposter", "Snow in Paradise" débute comme un bon polar anglais sur fond de gangs. Assis à une terrasse de café dans le quartier d'Hoxton à Londres, Dave s'inquiète de l'embourgeoisement de son voisinage racheté à tout va par des juifs fortunés. Il se sent sur le banc de touche, mis à part de ce pactole dont les autres semblent se régaler en l'ignorant. Dave veut palper, et pour cela, il travaille pour son oncle Jimmy, un impitoyable baron de la drogue au regard glaçant. Son meilleur ami Tariq veut lui aussi toucher de l'argent facile. Dave le prend pour un musulman pieu et a du mal à le prendre au sérieux mais finalement, il l'envoie au charbon dans une mission de livraison qui capote visiblement sévère. Dave n'a aucune nouvelle de son pote et ses recherches vont l'amener dans la mosquée de son ami.
Tirée du vécu de Martin Askew (co-auteur et interprète de l'oncle Jimmy), qui s'est converti à l'Islam après une vie de truand, "Snow in Paradise" est tout d'abord stylé. La photographie est travaillée et ses plans couplés à une bande originale anxiogène font mouche pour maintenir en haleine, surtout au long de la première moitié du film. Ensuite, Andrew Hulme n'est pas monteur pour rien. Cela se sent, il a le sens du rythme. Bien que son film ne soit pas un polar haletant, il sait distiller une atmosphère accrocheuse. Enfin, le principal attrait du film reste tout de même la brillante performance de Frederick Schmidt, dont le jeu passe sans encoche de celui d'une petite frappe hautaine à un homme rongé par la culpabilité cherchant une échappatoire à son environnement violent.
Andrew Hulme nous emmène cependant là où on n'attend pas forcément ce genre de production. Le fait qu'il soit sélectionné à Cannes dans la section Un Certain Regard aurait dû mettre la puce à l'oreille. Mais s'étant laissé emporter par le début très classique et codé de ce style de films, la suite prend le spectateur par surprise, ce qui n'est pas pour déplaire. Au contraire, puisqu'au fur et à mesure de la lente descente de Dave dans sa culpabilité, celui-ci se tourne de plus en plus vers ce lieu accueillant qu'est la Mosquée. Il est rafraîchissant de voir l'Islam dépeinte comme une lumière bienveillante plutôt qu'un vecteur d'endoctrinement perfide et à double tranchant. On regrettera cependant que cette partie de l'histoire intervienne finalement très tard, au profit d'une première partie sous le signe du film de gang, plaisante mais somme toute assez classique.
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