© Diaphana Films
Une jeune fille du Honduras se prépare à émigrer en compagnie de son oncle et de son père vers les Etats Unis. Au Mexique, un jeune membre du gang « La mara » tue de sang froid celui qui vient de violer et assassiner sa petite amie. Il décide de s'enfuir, pour ne pas subir de représailles...
Il est de ces films qui vous transportent dès les premiers instants. « Sin nombre », récemment récompensé du Prix du jury à Deauville, est de ceux là, de ceux qui dès la phase d'exposition des personnages, vous fait rentrer dans univers à la fois hyper-réaliste et fascinant. En nous contant les histoires parallèles, nécessairement vouées à se croiser, d'un père et sa fille sur le chemin d'une Amérique sensée incarner le rêve, et d'un jeune membre de gang qui n'a pas su accepter la loi du plus fort, le réalisateur plante d'emblée les graines du drame, qui poursuivra ses personnages jusqu'à la frontière, barrière mythique, qui même une fois franchie n'est jamais réellement derrière.
Le danger guette ainsi tout au long du film, chacun des protagonistes, homme ou femme, qui s'embarquent par espoir ou par fuite, en direction du Nord. Et la mise en scène de Cary Fukunaga excelle dans l'effet de balancier entre des moments de tensions soudains (poursuites, traques, agressions...) et des accalmies laissant place à l'intime, voire à une inattendue tendresse, que seuls les jeunes peuvent exprimer dans de pareils moments. La musique envoûte rapidement, qu'elle soit originale ou venue d'un ailleurs qu'on a pas réussi à cerner, nous englobant dans ce monde parallèle qu'est celui des émigrants.
L'immigration et la pauvreté sont donc omniprésent dans ce film romanesque en diable, qui va dénicher amour et rédemption dans les lieux les plus improbables, comme sur le toit d'un train, où évolue une chaîne humaine improbable et visible, que personne n'ignore et que tout le monde prend pour cible, des gamins qui veulent aider en balançant des fruits, aux voleurs qui braquent les plus faibles, en passant par les autorités, qui de temps à autres font semblant de réagir, pour mieux se faire voir d'une Amérique qui ferme les yeux face à la pauvreté de ses voisins du Sud.
« Sin Nombre » réussit à émouvoir, par un aspect prophétique et universel, tissant des liens indéfectibles entre des personnages aux buts communs et pourtant si éloignés, que la chance ou malchance vont influer dans leur choix de trajectoires comme leur avenir plus global. On ressort de la salle avec une boule au fond de la gorge, espérant plus de justice, plus d'ouverture vers l'autre, celui qui espère changer de vie, évoluer, avancer, sans jamais en avoir le droit. Le prendre est certainement la seule solution, quoi qu'en disent les lois, des gangs ou des Etats.
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