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Au XVIIe siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, dont les dernières rumeurs voudraient qu’il ait renié Dieu et refait sa vie. Mais à leur arrivée, ils vont découvrir un pays où le christianisme est illégal, les fidèles étant violemment persécutés. Face à ces atrocités, leur foi va être mise à rude épreuve…
Vingt ans que Martin Scorsese rêvait d’adapter le roman de Shūsaku Endō à l’écran. S’il avait cru, un temps, pouvoir réaliser le film juste après "Gangs of New-York", ce n’est que fin 2014 qu’il obtint le budget nécessaire à son grand projet. L’histoire est celle de deux prêtres jésuites qui partent à la recherche de leur ancien mentor, soi-disant toujours au Japon où il aurait renié Dieu et toutes ses croyances au profit d’une vie de famille rangée. Le Père Rodrigues et le Père Garupe étant persuadés que toutes ces rumeurs ne sont que mensonges, ils se lancent dans un périple au cœur du pays du Soleil levant, à une époque où le catholicisme était interdit. Sur place, ils vont ainsi découvrir la terrible répression et le sort réservé à ceux qui oseraient défier Buddha en adorant un autre Dieu.
Si le cinéaste d’origine sicilienne a été si fasciné par cet ouvrage, c’est probablement parce qu’il le ramène à sa propre foi, lui qui a failli devenir prêtre. Le résultat est à la fois une démonstration de tout son talent esthétique et peut-être son œuvre la plus personnelle, celle où on entend le plus la voix de l’homme derrière la caméra. Surtout, le réalisateur réussit l’impossible : capturer l’insaisissable, en donnant corps, plan après plan, aux tourments intérieurs d’un prêtre dont le silence de Dieu à ses questions commence à le troubler. Car au-delà de dépeindre la violence de cette chasse aux chrétiens, le métrage tourne avant tout autour de questionnements, qu’ils soient philosophiques ou métaphysiques, religieux ou rationnels. Le geste anodin de poser son pied sur une icône en bois cristallise ainsi tous les enjeux de ce drame puissant et mystique : est-ce trahir sa foi si on agit pour sauver les autres ? Et quand bien même, qui trahissons-nous ? Dieu ou nous-même ?
Confrontant ces discours à la beauté envoûtante des paysages de Mère Nature, le film souffre néanmoins de sa longueur. Probablement parce qu’après tant d’années de difficulté, Scorsese voulait faire durer le plaisir, "Silence" voit le voyage de ces religieux s’étaler sur 2h41. Or, malgré son titre, le film reposant avant tout sur la parole, sur les discussions (y compris intérieures) des protagonistes, celui-ci voit sa virtuosité s’effriter au fur et à mesure de la redondance des allocutions et des procédés de mise en scène (essentiellement des champs – contre champs). Avec son sujet exigeant et son rythme nonchalant, il devient malheureusement difficile de ne pas décrocher malgré la maestria de son auteur. Bourré de séquences épatantes au parfum de grand cinéma, le métrage demeure une ode spirituelle passionnante, posant bien plus de questions qu’il ne cherche à apporter de jugement, l’apostasie et le prosélytisme étant réduit au même plan. Cependant, pour les non-initiés, l’expérience sera ardue, sa structure ultra-répétitive risquant d’en rebuter plus qu’un...
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