© Version originale / Condor
Alors quâelle joue dans la cour de son Ă©cole avec ses quatre insĂ©parables amies, la petite Emili est attirĂ©e dans le gymnase par un inconnu, puis sauvagement assassinĂ©e. Comme frappĂ©es dâune subite amnĂ©sie, les quatre fillettes restent muettes face aux autoritĂ©s. Mais Asako, la mĂšre de la victime, dĂ©vastĂ©e et dĂ©cidĂ©e Ă ne pas en rester lĂ , leur impose un pacte : si elles ne se souviennent pas, elles devront faire pĂ©nitence toute leur vie...
ComposĂ© dâun prologue, qui vise Ă exposer le drame initial et le pacte liant les diffĂ©rents personnages, de quatre Ă©pisodes centrĂ©s sur chacune des fillettes devenues adultes, puis dâun Ă©pilogue permettant de dĂ©nouer lâintrigue, « Shokuzai » est une saga vengeresse tenant davantage du film fleuve (Ă la maniĂšre du « Gangs of Wasseypur ») que de la sĂ©rie formatĂ©e pour le cinĂ©ma. DivisĂ© en deux parties, intitulĂ©es respectivement « Celles qui voulaient se souvenir » et « Celles qui voulaient oublier » (en rĂ©fĂ©rence Ă lâĂ©tat dâesprit des protagonistes dont il est question), le film bĂ©nĂ©ficie dâune sortie française qui Ă©tait loin dâĂȘtre gagnĂ©e, Ă©tant donnĂ© son format.
Faisant suite Ă une premiĂšre partie captivante, qui relatait le drame initial, le pacte imposĂ© par la mĂšre de la victime aux quatre fillettes et le destin de deux dâentre elles quinze ans aprĂšs les faits, « Celles qui voulaient oublier » tente un peu plus laborieusement de finir ce qui a Ă©tĂ© commencĂ©. Dans le premier rĂ©cit, Asako retrouve lâune des filles Ă lâasile psychiatrique, internĂ©e aprĂšs avoir commis un crime sur un individu dont le comportement suspect a rĂ©veillĂ© le souvenir du meurtrier de lâĂ©cole. Dans le second, la derniĂšre fille sâen est mieux sortie, mais sa perte totale dâinnocence et de scrupules en ont fait une diablesse manipulatrice, qui va jusquâĂ inverser le rapport de force avec Asako. Cette Ă©volution sert judicieusement la tournure des Ă©vĂ©nements, puisquâelle contraint cette derniĂšre Ă revenir sur le devant de la scĂšne et Ă forcer le dĂ©nouement de lâintrigue. Or les excĂšs dĂ©crits font perdre au film son prĂ©cieux atout, Ă savoir son insidiositĂ©. Il met en avant des caractĂšres trĂšs clairement dĂ©rangĂ©s, et donc paradoxalement moins dĂ©rangeants.
Ceci dit, pas question de faire lâimpasse sur cette deuxiĂšme partie de la saga, tant le dĂ©nouement quâelle propose est loin de laisser indiffĂ©rent. Outre les rĂ©vĂ©lations plus ou moins fracassantes qui sont proposĂ©es (mais qui laisseront peut-ĂȘtre sur le carreau les spectateurs un peu joueurs qui auront imaginĂ© tout un tas dâhypothĂšses Ă lâissue du premier volet), le film reprend un peu dâĂ©paisseur en se recentrant sur Asako et sa quĂȘte de vĂ©ritĂ©. Câest aussi lĂ quâil reprend un chemin plus classique, mettant dĂ©finitivement de cĂŽtĂ© sa dimension malade pour revenir Ă un ton plus attendu. Dommage.
Il nâempĂȘche que Kiyoshi Kurosawa fait preuve, avec « Shokuzai », dâune belle ambition que lâon ne saurait bouder. MalgrĂ© les coups de mou de cette seconde partie et, plus gĂ©nĂ©ralement, le format casse-gueule de lâensemble, la saga parvient Ă susciter lâintĂ©rĂȘt, avec un souci du rĂ©cit et de lâĂ©lĂ©gance toujours affirmĂ©.
Lire la critique de la 1Ăšre partie : "Celles qui voulaient se souvenir"
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