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Dans les années soixante, de nombreuses familles chinoises ont quitté les grandes villes pour s’installer dans des régions pauvres, et y maintenir ou développer une industrie. Avec le déclin de celles-ci, certains parents n’ont qu’un objectif, retourner vivre en ville. C’est le cas ici, avec un père qui rêve d’un retour à Shanghaï…
Si Shanghaï Dreams est particulièrement intéressant, c’est pour son caractère de témoignage sur un pan de l’histoire chinoise récente, assez méconnu. En présentant les clivages internes à une famille, où la fille vit ses premiers amours dans une contrée où elle a été élevée, et un père fait tout son possible pour organiser un retour dans la ville de Shanghaï, qu’il a quitté pour cette contrée où il gagne à peine sa vie, le réalisateur pose dès le départ, les bases d’une incompréhension mutuelle.
Et c’est sur les conflits que celui-ci se concentre, montrant l’inadaptation des appartements surpeuplés, des industries en perte de vitesse, et des structures de la ville nouvelle tombant en désuétude. Mais le pire réside dans l’influence qui se dessine peu à peu, d’un pouvoir politique fantôme, qui interdit à ces familles de rentrer au pays, pour maintenir des populations dans ces régions, qui seraient désertées sinon. Le retour à Shanghaï devient alors un objectif clandestin, à l’intérieur même d’un pays, et relève de la décision suicidaire ou tout au moins pénalisante.
La dernière scène du film est sur ce point particulièrement frappante, jouant sur les contrastes entre beauté et ouverture du paysage, espoir montant et arrêt brutal de la fuite. Laissant à l’imagination les conclusions de l’histoire, le réalisateur donne à réfléchir sur la position de l’individu face aux décisionnaires, et la nécessité de prendre des risques politiques même si individuels dans son pays. Un coin de voile levé sur la Chine.
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