© Wild Bunch Distribution
Belfast 1993, Collette, une jeune veuve activiste de l’IRA, se trouve contrainte de faire un choix suite à son arrestation après un attentat avorté : devenir une taupe pour espionner sa propre famille militante pour le compte du MI5 ou passer vingt cinq ans en prison loin de son fils...
Le film ouvre sur une scène qui nous met directement dans la thématique à travers la mort injuste d’un enfant, dommage collatéral du conflit Nord-Irlandais, qui plonge toute une famille irlandaise dans l’activisme de l’IRA. Cette scène d’ouverture plante le décors du film, entre activisme, terrorisme et espionnage, ingrédients du dernier film de James Marsh. Le réalisateur aborde ainsi le sujet difficile et engagé de l’Histoire de l’Irlande du Nord avec malheureusement un scénario et une intrigue mous, qui peine à décoller. Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour faire un grand film d’espionnage à suspense, mais le réalisateur survole le sujet et nous livre une œuvre décevante.
Malgré un début intéressant, l’action du film retombe très vite à cause d’un manque apparent d’engagement et de conviction chez les différents personnages. Les actes militants ne montrent aucun nationalisme et font passer le contexte social au second plan, laissant au premier plan une simple histoire d’espionnage à l’intrigue réduite. En voyant « Shadow Dancer », on ne peut s’empêcher de penser à des films engagés, traitant du même sujet, comme « Le vent se lève » (Ken Loach) ou « Bloody Sunday » (Paul Greengrass), mais on reste sur sa faim. On peut noter cependant une touche d’originalité à travers le choix d’une héroïne féminine pour incarner la lutte du mouvement dissident de l’IRA. À travers le personnage de Colette, le réalisateur met ainsi à l’honneur le rôle des femmes et mères de famille dans ce conflit.
Mais la promesse d’un thriller psychologique n’est pas non plus au rendez-vous ! « Shadow Dancer » offre une intrigue trop légère avec une attitude de l’actrice principale qui ne prend pas, notamment à cause d’un manque de tension et de suspense quant à son double jeu. Elle ne risque de se faire démasquer qu’une seule fois et entretient une relation de flirt avec l’agent secret Mac, qui ne semble pratiquement la mettre pas en péril. Il faut attendre la fin du film pour avoir des rebondissements et des révélations, qui arrivent cependant trop tardivement pour nous tenir en haleine.
Toutefois, il faut souligner la qualité de la photo, qui met au premier plan les deux personnages principaux Colette McVeigh (Andrea Riseborough) et l’agent secret Mac (Clive Owen) dans des scènes aux paysages tourmentés. Le réalisateur a le mérite de nous offrir un film d’époque soigné et crédible dans sa mise en scène mais qui ne suffit pas à relever le manque d’intrigue du scénario.
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