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En 2073, face à la surpopulation de la Terre, le Gouvernement décide d’imposer fermement une politique d’enfant unique. Pour sauver ses septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète leur existence et de leur donner à chacune le nom d’un jour de la semaine. Les sept sœurs devront désormais partager une identité unique dans le monde extérieur, celle de Karen Settman. Le stratagème fonctionne pendant plusieurs années, mais un jour, Lundi disparaît mystérieusement…
Toujours se méfier des concepts… Cela dit, celui-ci était assez amusant : sept Noomi pour le prix d’une, le tout dans un concept de SF dystopique axée sur le phénomène de surpopulation planétaire. Sans grande surprise, le parti pris choisi par Tommy Wirkola (déjà coupable de deux "Dead Snow" rangés tout au fond du congélo) aura été de formater chaque scène dans le seul et unique but de pousser la miss Rapace vers un condensé ubuesque de toutes ses prestations antérieures, quand bien même chacune d’elles avait déjà suffi à démontrer son indéniable talent d’actrice-caméléon. Revoilà donc pêle-mêle la femme fatale ambitieuse de "Passion", la hackeuse sociopathe de "Millénium", la scientifique consciencieuse de "Prometheus", la femme d’action de "Conspiracy", la mère névrosée de "Babycall", la victime manipulée de "Rupture" et la vengeresse traumatisée de "Dead Man Down", chacune servant ici l’incarnation d’une des sept sœurs Settman, avec un peu d’échange identitaire par-ci par-là pour rendre l’équation un peu plus tordue…
Bon, c’est bien joli tout ça, mais élever à la puissance sept le potentiel fragmentaire d’une grande actrice n’a jamais suffi à faire un film habité par un vrai point de vue. Certes, on serait bien mal venu de reprocher au film son statut de divertissement efficace (ce qu’il est plutôt) ou de torpiller ses velléités de réflexion humaniste (ce qu’il voudrait être), mais comment faire autrement à partir du moment où l’enjeu du film n’est jamais clairement ciblé ou identifié ? À bien des égards, "Seven Sisters" mange finalement du même pain que le polémique "The Island" de Michael Bay. Soit une fable de SF qui fait mine d’explorer une délicate thématique contemporaine et qui, en fin de compte, choisit de la contourner par un point d’interrogation final qui achève la pure narration en elle-même au lieu de faire évoluer l’intrigue vers une vraie réflexion intrinsèque sur ce qu’il veut explorer.
Du coup, en plus de sept actrices en une, il y a ici deux films en un : d’un côté un thriller d’action nerveux et brutal dans lequel Wirkola fait le job sans se prendre la tête (le tout dans un univers futuriste calqué sur celui des "Fils de l’Homme"), de l’autre un scénario qui mise tout sur le rythme et l’enjeu de survie des sept héroïnes afin d’éviter de traiter frontalement des thématiques plus ou moins brûlantes. À ce titre, et sans révéler le twist final (assez prévisible, cela dit), l’ultime plan du film semble hésiter entre nous renvoyer à la peur initiale de la surpopulation et nous chuchoter la question pro-life au creux de l’oreille, et tout cela sans que l’on n’ait l’impression d’avoir un sujet complexe sur lequel il sera possible de gamberger en sortie de projo. Grosse coquille vide qui aborde des sujets sur lesquels il ne livre aucune piste réflexive, "Seven Sisters" ne tient donc que sur Noomi Rapace, aussi crédible dans l’émotion que dans l’action. Mais à ce jeu-là, la Charlize Theron du récent "Atomic Blonde" la bat sans aucun effort.
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