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©ad vitam

SANGRE


un film de Amat Escalante

avec : Cirilo Recio, Laura Saldaña, Claudia Orozco…

Après le travail, Diego et Blanca passent leurs soirées à regarder des soap opera ou à faire l’amour. L’arrivée de la fille de Diego va raviver les jalousies de sa femme et bousculer quelque peu leurs habitudes...


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Photo film

Naturalisme, télé réalité ou vaste blague ?

Sangre, un titre évocateur pour un film qui ne l’est pas… Nous voici donc propulsés dans le quotidien d’un couple ordinaire, au Mexique. Rapidement, on découvrira que ces deux là n’ont pas grand chose à nous montrer. Ils font l’amour et regardent des soap operas à la télévision à longueur de temps. Vient alors le moment de se demander ce que veut nous raconter le réalisateur. Finalement pas grand-chose. Durant tout le début du film ces scènes se suivent et se ressemblent, et les personnages, proches de la caricature, ne nous inspirent pas de grande sympathie ni d’antipathie.

Ce qui pourrait sauver le film est sa mise en scène. Les scènes s’enchaînent par de simples fondus au noir, et sont constituées essentiellement de longs plans fixes, tels des tableaux, où un décor vide verra les protagonistes de l’histoire entrer puis ressortir du champ. Un exercice intéressant quelques minutes qui provoquera rapidement notre ennui, d’autant plus qu’aucune musique ne vient rehausser l’histoire ou lui donner un peu de tension…

Le film tire alors vers une forme de naturalisme, de description naturelle des personnages dans leur quotidien. Cependant, rapidement, on envisagera plutôt une forme de télé réalité. Car tout pourrait bien être cela en fait : le réalisateur a posé sa caméra dans leur maison, et nous livre leur quotidien. Pourtant, l’arrivée de l’élément perturbateur qu’est la fille de Diego donnera un peu de piquant au récit, tout en réfutant ces premières hypothèses.

Reste alors un film globalement ennuyeux (voire très), même si quelques scènes viennent parfois ajouter un peu de cocasserie dans ce décor (la table qui casse pendant l’acte ; Diego marchant, tel Jesus sur l’eau, puis s’effondrant de tout son long dans un ruisseau…) mais celle-ci est vite oubliée laissant le spectateur devant une question : mais que raconte ce film ?


2 ème avis - Niveau 0 et -3 - Un film totalement en-dehors de tous repères


Diego et Blanca mènent une existence bien réglée. Elle travaille dans un restaurant, lui est gardien. Ils partagent leurs existences entre repas, feuilletons, sexe et boulot…

Un film totalement en-dehors de tous repères

Malgré tous les défauts qu'il peut rassembler, Sangre a néanmoins le mérite de questionner vraiment le cinéma, par le biais d'une interrogation sur le métier de critique de cinéma. La question est particulièrement bien posée quand on sait que le film a reçu le prix Un certain regard et le prix de la critique dans la même section au Festival de Cannes 2005.

Vous aurez sûrement remarqué la double notation que j'accorde à ce film : niveaux 0 et –3. Je n'arrive pas à me décider. D'un certain côté, Sangre est un véritable ovni, un cinéma du temps qui passe, un cinéma de la « non-action ». Chaque plan ou presque est un plan large, où les deux personnages évoluent, avec ou sans nous d'ailleurs. D'un autre côté, c'est une incroyable imposture, un pied-de-nez phénoménal à un cinéma d'auteur latino qui se veut engagé, parfois dénonciateur, mais toujours à parti pris. Ici, Escalante prend parti, mais pour quoi ? Rien ne se détache de ce quotidien banal, ni les larmes de Diego à la mort de sa fille, ni les scènes « d'amour », carrément obscènes et pornographiques.

Quel est alors le rôle du critique ? De souligner une initiative personnelle, propre à son réalisateur, qui a eu le mérite de faire le film dont il avait vraiment envie ? Ou de parler du film lui-même, de ce trou béant qui dure 1h39, de tout ce vide qui ne remplit rien ? Ce film n'est ni drôle, ni méchant ; ni attentif, ni superficiel ; ni engagé ni extérieur. Il n'est rien alors qu'il montre la vie de tous, il est tout à partir de petits riens. Rien à signaler, donc, sinon que je reste muette devant ce film qui reste indécis.

Lucie Anthouard

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