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Jorge, boxeur sur la fin de carrière, doit trouver un nouveau moyen de subvenir aux besoins de sa famille. Sa carrure va lui permettre de dégotter un travail au sein d’une société de recouvrement. Mais les méthodes employées vont lui faire découvrir une réalité qu’il préférait ignorer…
La crise frappe frontalement le Portugal. Les salaires sont bloqués, le chômage explose, l’endettement de la population est à son paroxysme. Alors, plusieurs sociétés de recouvrement vont racheter des dettes auprès de plus petits créanciers, désespérés de revoir un jour leur agent, contre une somme moindre mais certaine. Ces sociétés-là deviennent ainsi de gigantesques consortiums, et vont mettre la pression comme jamais à ces personnes dans le besoin, en recourant notamment à l’intimidation et à la violence. Nous sommes en 2011, en plein coeur de l’Union Européenne, ces pratiques sont réelles et pourtant elles sont restées amplement cachées et impunies.
En implantant son récit en plein coeur de ce contexte, Marco Martins bénéficiait d’un matériau originel béni, comprenant tous les ingrédients pour en faire une grande fresque sociale. Pour renforcer le réalisme de son film, le réalisateur va mêler comédiens et acteurs non professionnels, des personnes brisées par cette crise, perdues dans les ruines d’un pays qui les a abandonnés. Malheureusement, toute la puissance de cette chronique dramatique va être annihilée par son intrigue mielleuse centrée sur un boxeur amateur ayant perdu la fougue aussi bien sur le ring que dans son quotidien désormais marqué par le chômage. C’est pourtant lui qui va se retrouver à brutaliser ses semblables pour le compte d’une de ces fameuses sociétés de recouvrement.
Si l’immersion est totale, saisissante et révoltante, le rythme bien trop long du métrage est un frein pour que le mariage entre velléités documentaristes et polar se déroule correctement. Oubliant totalement d’esquisser les personnalités des protagonistes, au-delà de leurs répliques laconiques sans verve, "Saint-Georges" se retrouve complètement noyé par son sujet, incapable de lui insuffler un quelconque vent romanesque. Cette peinture radicale de nos voisins lusophones a le mérite de nous éclairer sur des pratiques et une misère fortement méconnues, mais elle ne parvient jamais à intéresser au-delà de son postulat, la faute à un scénario tristement pauvre en termes de dramaturgie.
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