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ROOM 237


un documentaire de Rodney Ascher

avec : les voix de Bill Blakemore, Geoffrey Cocks, Juli Kearns, John Fell Ryan et Jay Weidner…

Cinq amoureux du film « Shining » de Stanley Kubrick (sorti en 1980 aux États-Unis) analysent l’œuvre du maître pour percer ses nombreux mystères et tenter d’expliquer ses messages cachés…


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Kubrick à brac de théories, parfois passionnantes, autour du film « Shining »

De tous les films de Kubrick, « Shining » est celui qui aura stimulé le plus l’imagination des spectateurs cinéphiles tant les différences entre le film et le livre de Stephen King, dont il est adapté, sont nombreuses et prennent une importance toute particulière dans le long métrage. Dans « Room 237 », présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2012, Rodney Ascher a donc interviewé cinq fanatiques du film qui délivrent, tour à tour, leurs décryptages de scènes, parfois plan par plan, leur vision thématique de l’œuvre générale et les petits secrets que Kubrick « aurait » parsemé dans son film. « Aurait » car rien ni personne, et surtout pas le regretté réalisateur, ne ratifie ces hypothèses.

Les lectures les plus intéressantes concernent les intentions supposées du film de Kubrick. Ce dernier aurait en effet pu dénoncer, à travers l’extermination d’une famille, deux génocides : celui du peuple amérindien après la découverte des Amériques et celui de la communauté juive pendant la Seconde guerre mondiale. Pour attester ces théories, on citera notamment la présence répétée de la boîte « Calumet » avec la tête d’un chef indien dessus et le fait que l’hôtel repose sur un cimetière indien, indication qui n’apparaît pas dans le roman de Stephen King. D’ailleurs, la vague de sang qui se déverse depuis l’ascenseur (absente également du livre) pourrait directement appartenir aux victimes de ce massacre. Concernant l’holocauste, les analystes évoquent les nombreux aigles, ailes déployées, présents dans le film (le symbole du parti nazi) et la machine à écrire de marque allemande.

Une autre étude réalisée à travers « Shining » concerne la potentielle implication de Stanley Kubrick dans la réalisation d’un film sur l’alunissage d’Apollo 11 en 1969. Longtemps des rumeurs ont circulé sur sa collaboration avec la Nasa qui lui aurait permis de réaliser « 2001, l’Odyssée de l’espace » dans les meilleures conditions possibles contre le montage d’un film sur le premier pas de l’homme sur la Lune. Celui qui revient sur cette théorie ne remet absolument pas en doute le fait que Neil Armstrong ait marché sur notre satellite mais voit dans « Shining » la confession du réalisateur sur sa participation au film de l’alunissage pour l’agence spatiale américaine… Il est vrai que des détails troublants figurent dans « Shining ». Notamment, pourquoi Kubrick change-t-il le numéro de la chambre mystère passant de 217 dans le bouquin à 237 pour le film ? La première raison invoquée par la direction de l’hôtel où a été tourné le film était que cette dernière craignait que plus personne ne veuille l’occuper, d’où le choix du nouveau numéro. Faux répondent les détracteurs : l’hôtel a également (et encore aujourd’hui) une chambre 237 ! N’y a-t-il pas un lien avec le fait que la distance Terre-Lune soit proche de 237 000 miles ? Comment interpréter enfin que Danny, l’enfant de l’histoire, dans une scène où il se rend vers cette chambre 237, porte un pull-over avec la fusée Apollo 11 ? Je ne reviendrai pas sur l’anagramme partielle entre « ROOM N° » et « MOON », mais tout ça a de quoi relancer les rumeurs…

De nombreuses autres analyses enrichissent le film de Rodney Ascher. Retenons en deux. Premièrement, celle qui montre comment Kubrick a su appliquer les méthodes publicitaires de l’époque qui intégraient le concept des images subliminales. Ainsi, vous pourrez voir le visage du génie se dessiner dans le ciel et les nuages au générique du début lorsque son nom apparaît ; sans oublier quelques références sexuelles tendant à prouver les penchants des uns pour les autres ! Deuxièmement, l’invective adressée à Stephen King himself en s’appropriant son œuvre : alors que la voiture avec laquelle la famille Torrance arrive à l’hôtel Overlook est une Volkswagen jaune, celle du livre était rouge. Kubrick fera apparaître celle de King plus tard dans son film, lorsque Dick Halloran, le chef cuisinier, prend la route sous la neige pour rejoindre l’hôtel et qu’il aperçoit en chemin une Volkswagen rouge écrasée sous un poids lourd ! Un beau doigt d’honneur envoyé à l’écrivain qui selon la légende l’a rendu fou !…

Entre fantasme et réalité, les interprétations de « Shining » explorées dans le film « Room 237 » vont de farfelues à plausibles. Kubrick, qui cherchait à se renouveler, aura réussi le pari de son projet fou, tant le film fascine et déchaîne les passions à travers les âges. Et s’il y a un thème sur lequel tout le monde s’accorde concernant « Shining » c’est bien celui de la folie. Alors, pourquoi ne pas tomber dedans quand on décode un film de cette trempe, réalisé par un génie à qui l'on attribue un QI de 200 ?

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