Il était une fois, l'histoire d'une légende qui devint terne

Bon, disons-le clairement : "Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur" n’est pas la meilleure version de la légende de la Table ronde et n’est pas non plus le meilleur film de son réalisateur Guy Ritchie. Ce qui est regrettable c’est que tout était réuni pour proposer une nouvelle vision intéressante de cette légende et dépasser les deux précédents longs-métrages sur le roi Arthur. Mais un bon casting (Eric Bana, Jude Law et Charlie Hunnam sont tous charismatiques) et un bon réalisateur ne font pas tout. Et si pour réussir un tel film, il fallait être digne d’Excalibur ?
Maintenant si on regarde le long-métrage à l’aune des autres adaptations de cette histoire que sont "Les Chevaliers de la Table ronde" de Richard Thorpe, "Excalibur" de John Boorman, "Lancelot" de Jerry Zucker et "Le Roi Arthur" d’Antoine Fuqua, on se rend compte que le nouveau film de Guy Ritchie offre une relecture du mythe dans l’air du temps tout en offrant une vision que les autres n’ont pas. Car dans les précédents longs-métrages, la Table ronde est terminée, et Arthur a ses chevaliers, il rencontre Guenièvre, se marie avec, etc. Or ici, le roi Arthur ne sera couronné qu’à la fin, et la Table ronde ne sera même pas achevée. On pourrait presque le voir comme un préquel de la légende des chevaliers de la Table ronde. Et c’est bien là ce qui fait légèrement sa force mais sa grande faiblesse : les enjeux dramatiques les plus intéressants de la légende ne sont pas présents (la quête du Graal, le triangle amoureux entre Guenièvre, Arthur et Lancelot) et ceux qui les remplacent sont simplistes et restent convenus. L’aspect heroic fantasy est extrêmement présent et cette particularité n’était plus présente depuis le long-métrage de John Boorman. Mais ici pas de Merlin : il apparaît uniquement dans les dialogues, où il est présenté comme un puissant mage ayant forgé Excalibur. C‘est une mage qui le remplace, interprétée par Astrid Bergès-Frisbey. Mais si seulement le seul point faible du long-métrage était cette partie de dramaturgie ! La réalisation de Guy Ritchie ne nous entraîne guère, les scènes d’action sont pour une grande partie assez illisibles. Les tics du réalisateur desservent sa mise en scène. Ensuite viennent les effets spéciaux, beaucoup trop présents, pas tous utiles et souvent mal filmés. Bref, un ratage. Et enfin, on a une impression de déjà-vu. Dès les premières images, avec cette haute tour avec une flamme et ces éléphants géants qui servent de moyens de transport des troupes pour attaquer un château, il semble bien qu’on ait déjà vu ça, dans une certaine trilogie où il était question d’un anneau…
Au final, il s’agit donc d’une adaptation assez ratée de la légende du roi Arthur, où les effets spéciaux ont la part belle mais sans forcément être un point fort du film. Un long-métrage qui est bien loin d’atteindre la force d’"Excalibur" de John Boorman qui reste à ce jour la meilleure adaptation de la légende arthurienne sur grand écran.