affiche film

© Pathé Distribution

ROCK’N ROLL


un film de Guillaume Canet

avec : Guillaume Canet, Marion Cotillard, Camille Rowe, Philippe Lefebvre, Gilles Lellouche, Yvan Attal, Alain Attal, Maxim Nucci, Kev Adams, Ben Foster, Xavier Alcan, Johnny Hallyday, Laeticia Hallyday...

Guillaume Canet a tout pour ĂȘtre heureux : le succĂšs de ses films, le soutien de ses amis et de ses producteurs, sa maison de campagne, ses chevaux, sans oublier l’amour de sa femme Marion Cotillard. Mais un jour, sur un tournage, lorsqu’une comĂ©dienne de 20 ans ose une remarque anodine sur son Ăąge, c’est le choc. À 43 ans, est-il toujours aussi « rock », et est-ce que c’était dĂ©jĂ  le cas vingt ans auparavant ? Ayant peur d’ĂȘtre devenu ringard et d’avoir moins de succĂšs auprĂšs de la gente fĂ©minine, Guillaume va tout chambouler sous le regard mĂ©dusĂ© de son entourage. Jusqu’à commettre l’impensable



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Photo film

Rock and drĂŽle

Parler du nouveau film de Guillaume Canet est une vĂ©ritable tannĂ©e pour un critique, dĂ©jĂ  parce que rentrer dans le vif du sujet revient Ă  griller la majoritĂ© des surprises proposĂ©es (et il y en a !), ensuite parce que l’on sent derriĂšre ce film quelque chose que l’on n’avait sans doute jamais soupçonnĂ© chez le bonhomme, Ă  savoir une propension assez dingue au « lĂącher-prise ». Que "Rock’n Roll" soit le fruit d’une vĂ©ritable remise en question chez Canet n’a rien d’étonnant : faisant suite Ă  une longue annĂ©e de rĂ©flexion aprĂšs le rejet intime des "Petits Mouchoirs" et l’échec commercial de "Blood Ties", l’acteur-rĂ©alisateur avait sans doute eu envie de remettre les compteurs Ă  zĂ©ro, quitte Ă  revenir Ă  quelque chose de plus insolent (Ă  l’image de son premier long-mĂ©trage "Mon idole") ou Ă  saborder une image mĂ©diatique qui, on s’en doute, prĂȘte toujours le flanc aux extrapolations les plus fausses. Quelle image l’artiste peut-il – ou doit-il – renvoyer ? Et quelle image de lui le public essaie-t-il de lui renvoyer in fine dans la tronche ? Ces questions n’auront ici pas de rĂ©ponses, parce que Canet cherche moins Ă  distinguer le vrai du faux qu’à jouer avec, si possible avec une mentalitĂ© de sale gosse qui n’a peur de rien et qui se fout complĂštement de saccager sa chambre bien rangĂ©e.

Une telle dĂ©marche punk a de quoi rappeler celle opĂ©rĂ©e par Joaquin Phoenix avec le cĂ©lĂšbre documenteur "I’m Still Here", dans lequel l’acteur hollywoodien laissait la camĂ©ra de son beau-frĂšre Casey Affleck enregistrer le dĂ©sastre total de sa supposĂ©e reconversion en rappeur barbu. Le rĂ©sultat suscitait hĂ©las moins le rire que la gĂȘne, et paraissait mĂȘme encore plus antipathique lorsqu’on apprenait que tout ceci n’était juste qu’un gros bidonnage dĂ©nuĂ© d’intĂ©rĂȘt. Canet, lui, ne fait pas la mĂȘme erreur : le dĂ©lire masochiste qu’il s’inflige ici est comme un rouleau-compresseur qui englobe aussi bien sa propre personne que son entourage (de ses parents Ă  ses amis, tout le monde joue ici son propre rĂŽle !), avant d’embrayer sur une fiction volontairement too much qui Ă©lĂšve l’obsession de l’image mĂ©diatique Ă  un haut degrĂ© de monstruositĂ© – on n’en dira pas plus. En donnant ainsi la sensation d’avoir clairement pĂ©tĂ© une durite et en jouant du fait de transformer sa carriĂšre en champ de ruines pseudo-punk, Canet signe un film qui Ă©quilibre la chronique intimiste entre potes (façon "Les Petits Mouchoirs") avec la satire dĂ©complexĂ©e sur la starification (façon "Mon idole"). De lĂ  Ă  y voir le film le plus proche de sa vraie personnalitĂ©, il n’y a qu’un pas que l’on franchit allĂšgrement.

Fort de ce point d’ancrage idĂ©al, Canet se concentre donc sur la mise en valeur de dialogues punchy dont il a souvent eu le secret en tant que scĂ©nariste, de situations gratinĂ©es oĂč il tourne son parcours en dĂ©rision (malaise en pleine cĂ©rĂ©monie des CĂ©sars, biture cocaĂŻno-paralytique sur YouTube, saccage rock d’un anniversaire sur fond de Plastic Bertrand
), entretient des suppositions stĂ©riles sans chercher Ă  les infirmer (existe-t-il vraiment un lien de parentĂ© entre Yvan Attal et Alain Attal ?), pousse l’obsession outranciĂšre de l’actorat vers des limites rarement atteintes (Marion Cotillard dĂ©zingue ici son image d’aspirateur Ă  awards avec un accent quĂ©bĂ©cois Ă  se rouler en nem sur la moquette) et s’amuse comme un fou des possibilitĂ©s d’une mise en scĂšne sans aucun port d’attache, oĂč la fluiditĂ© d’un plan-sĂ©quence s’ancre sans crier gare avec des instants oniriques totalement barrĂ©s (dont un concernant CĂ©line Dion
 on vous laisse la surprise
). Avec un seul dĂ©sir au final : s’amuser de tout, des autres et – surtout – de lui-mĂȘme, sans aucune arriĂšre-pensĂ©e. Y a pas Ă  dire : foutre en l’air son image, ça lui rĂ©ussit.

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