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Afin de prouver la nécessité de remplacer l’armée et la police des États-Unis par des machines, la société Omnicorp invente une nouvelle arme redoutable : RoboCop, mi-homme mi-robot, conçu comme un policier indestructible ayant pour mission de faire respecter la loi et de protéger les innocents. Pour ce faire, le policier Alex Murphy est sélectionné à la suite de son assassinat devant son domicile. Mais ce nouveau cyborg n’a pas perdu toute son humanité…
Et encore un remake ! Celui-là, avouons-le, on ne voulait même pas en entendre parler au départ. Face à la rage satirique du chef-d’œuvre de Paul Verhoeven et à sa dimension d’actionner hardcore filant la gerbe (et la joie) par ses excès d’ultraviolence, comment était-il possible qu’Hollywood emprunte une direction tout aussi couillue et anticonformiste ? Surtout que, depuis plus d’une décennie, l’heure est désormais aux blockbusters proprets et PG-13, tout juste bons à déployer une armada de scènes explosives sur fond de bannière étoilée fièrement brandie. En 1987, "RoboCop", c’était tout l’inverse : un tableau sans pitié d’une économie reaganienne entièrement fondée sur le profit et le pouvoir, une vision sans concessions d’un futur marqué par le devenir technologique de l’homme, et un humour de sale gosse brandi comme un gros doigt d’honneur à tout ce qui composait les États-Unis de l’époque.
Tenter de remaker Verhoeven revient à s’attaquer au grand requin blanc avec un canif émoussé (on a vu ce que ça a pu donner avec le récent reboot de "Total Recall"). Pourtant, on avait fini par placer quelques espoirs incertains dans ce nouveau "RoboCop", d’abord concernant le choix d’un talentueux réalisateur brésilien placé aux commandes (José Padilha, responsable des deux "Troupes d’élite"), ensuite au vu de la présence des deux scénaristes du film original (Edward Neumeier et Michael Miner), enfin par rapport à une intrigue qui semblait s’écarter du script d’origine pour s’attarder au contraire sur la transformation progressive d’Alex Murphy en RoboCop. Les mauvais échos sur la postproduction (a priori plus ou moins infondés) laissaient de nouveau craindre le pire. Il n’était pourtant pas nécessaire de s’alarmer : a contrario d’un grand nombre de remakes sans âme, ce reboot de "RoboCop" ne défèque jamais sur son prédécesseur et en propose une approche quelque peu différente, en tout cas moderne et réactualisée selon les codes du blockbuster d’aujourd’hui.
Le propos reste à peu près le même, mais remis au gout du jour : une Amérique qui s’enferme dans une perpétuelle course à l’armement, une multinationale qui enclenche la robotisation des forces de police, et des médias à la Fox News qui prennent position pour les multinationales en prônant autant le patriotisme forcené que la question sécuritaire (avec un Samuel L. Jackson en ersatz vulgaire de Bill O’Reilly). Padilha et ses scénaristes ne prennent donc jamais de gants dans leur peinture d’une société chaotique, mais hélas, c’est leur film lui-même qui devient chaotique à force de ne pas choisir de ligne directrice. Dénué de la rage subversive qui habitait chaque scène du film de Verhoeven, rendant celui-ci aussi jouissif que dérangeant, ce "RoboCop" 2.0 privilégie le constat sage plutôt que la satire pure. Le plus gênant, c’est qu’il n’apparait même pas scolaire dans son regard critique, mais juste bâclé à force de se focaliser sur des enjeux de divertissement grand public (ceux qui concernent Alex Murphy et sa famille) et de lisser son point de vue jusqu’à une scène finale ironique qui sonne comme une reprise soudaine de conscience. Un peu comme si, après s’être montré trop sage et basique dans son approche, Padilha avait enfin réveillé sa colère de départ, hélas beaucoup trop tard.
Sur le reste, aucune surprise : on est dans du blockbuster efficace comme Hollywood sait en pondre à la pelle. La différence provient néanmoins de la mise en scène de José Padilha, riche en travellings sophistiqués, déployant un rythme hyper soutenu, et révélant une lisibilité parfaite dans les scènes d’action. Le bonhomme connait son boulot, sait conférer du sens à un mouvement de caméra et, histoire de se bâtir un pont léger avec l’humour de sale gosse de Paul Verhoeven, s’amuse de quelques digressions symboliques qui font leur effet (ici, RoboCop révèle ses aptitudes d’instinct et de déduction grâce à un entraînement façon Counter Strike !). Techniquement parfait et souvent d’une rare élégance visuelle, ce remake fait donc honneur à son modèle sans jamais chercher à le supplanter. Il lui manque juste la colère satirique qui aurait pu l’élever largement au-dessus du brillant spectacle survolté qu’il incarne au final. Mais comme l’échec tant redouté est bel et bien absent, on ne s’en plaindra pas trop.
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