© Sony Pictures Releasing France
Agent d’élite du Mossad et véritable star dans son pays, Zohan a un secret : il rêve de devenir coiffeur en Amérique. Profitant d’un combat contre son pire ennemi, un terroriste palestinien connu sous le nom de Fantôme, Zohan se fait passer pour mort et s’envole pour New York armé uniquement de ses ciseaux et de son sèche-cheveux...
Adam Sandler fait partie de ces anciens du « Saturday Night Live », émission star aux USA qui s’est fait une habitude de révéler les futures pierres angulaires de la comédie hollywoodienne. Connu pour ses nombreuses bouffonneries télévisées, Sandler fait aujourd’hui partie de ces comédiens qui font la pluie et le beau temps de l’humour californien, à l’instar d’un Ben Stiller ou d’un Owen Wilson.
Collaborant une fois de plus avec le réalisateur Dennis Dugan (« Happy Gilmore », « Quand Chuck rencontre Harry » entre autres), le comédien à l’air niais se métamorphose en contre-terroriste Israélien pour les besoins de ce « Rien que pour vos cheveux » loufoque et inclassable. « You Don’t Mess With the Zohan » (en V.O.) n’hésite pas à grimper jusqu’aux sphères de la bêtise la plus grasse au risque de perdre en route une partie de ses spectateurs ; mais avec la certitude de donner aux autres beaucoup de plaisir et plus d’une tranche de franche rigolade.
« Osons ! » pourrait être le mot d’ordre de ce grand délire fourre-tout où, sur fond d’affrontements millénaires entre Israéliens et Palestiniens, le contre-terroriste Zohan décide de changer de métier pour devenir coiffeur à New York et « rendre les cheveux tout soyeux » comme il se plaît à le dire. C’est que, comme sous les pavés de la guerre se cachent les plages de Tel-Aviv, derrière l’esprit conquérant et la puissance militaire des Israéliens pointent des désirs finalement très simples où se reconnaissent les expatriés new-yorkais : vendre du matériel hi-fi ou ouvrir un restaurant traditionnel, peu importe, mais vivre dans la paix. Même le grand méchant du film, l’infâme Fantôme, excellemment interprété par un John Turturro en grande forme, avoue in extremis son désir secret de changer d’existence.
Cette farce déroutante tire son énergie de la collusion entre les intérêts géopolitiques réels du Proche-Orient et la précision chirurgicale de la caricature, qui agit ici par réduction systématique des enjeux : le conflit israélo-palestinien devient à New York une hostilité de voisinage entre deux trottoirs d’une même rue, l’anti-terroriste se transforme en coiffeur gigolo, le groupe armé Hezbollah se vulgarise en répondeur téléphonique à choix multiples (« pour commander des bombes, tapez 1 »).
A cette réduction s’ajoute le principe de saturation dans les situations comiques, qui implique qu’une action humoristique se donne entièrement et jusqu’au bout, sans retenue : ainsi de Zohan qui rattrape un adversaire en jet-ski en nageant tel un dauphin, ou un groupe mixte d’Israéliens et de Palestiniens évoquant crûment les femmes de politiciens (Hillary Clinton et Michelle Obama en prennent pour leur grade). Même réfractaire à ce type d’humour, vous vous laisserez rafraîchir par ce « Rien que pour vos cheveux » qui se déguste comme une bonne glace en période estivale.
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